Nourriture spirituelle commune à la Suisse et à la France
Dans le récit selon Matthieu des tentations dans le désert, Jésus, évoquant un passage de l’Exode, affirme: «L’Ecriture déclare: ‹L’être humain ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.›» Une citation que nombre de croyant·es lisent comme une invitation à consacrer chaque jour un temps à la spiritualité. En Suisse romande, pour être aidés, ils et elles peuvent compter sur Pain de ce jour. Disponible en ligne (www.eerv.ch/pain-de-ce-jour/) ou sous forme de cahier envoyé quatre fois par an, la publication propose quotidiennement une lecture biblique, un commentaire du texte et une courte prière.
Mais cette publication va s’arrêter à la fin de l’année, après plus de 80 ans d’existence. «Nous ne connaissons pas la date exacte de son lancement. Ce qui est sûr, c’est que cela a commencé pendant la Seconde Guerre mondiale», explique Bernard Savoie, membre du conseil de fondation de Pain de ce jour. La raison de cet arrêt est financière: «Les lecteurs payants ont fondu. Ils ne sont aujourd’hui qu’un cinquième de ce qu’ils étaient il y a 20 ans», explique-t-il. Soit environ 2000 abonnés actuellement. Le prix modeste de l’abonnement (22 fr./an) ne permet plus de couvrir les frais administratifs, postaux et d’impression. «Nous proposons un défraiement aux auteurs, mais la plupart refusent», ajoute le pasteur François Bonzon, également membre du conseil de fondation. «Pendant 80 ans, les commentaires de Pain de ce jour ont été rédigés année après année par des ministres romands. Mais ce n’est pas parce que nous ne trouvons plus de volontaires que nous devons arrêter», se réjouit-il.
Une publication nécessaire
Impossible de savoir si l’érosion du lectorat payant est due au transfert sur le web, gratuit, ou si cette offre manquait de visibilité: les pasteurs en paroisse auraient sans doute davantage pu faire connaître cette aide au culte personnel. Mais, c’est certain, il fallait trouver une solution: «A une époque où la vie communautaire souffre, il est bon qu’un accompagnement soit proposé à chacun. A une époque où l’on s’écoute beaucoup, il est bon que l’on se mettre aussi à l’écoute de la Parole de Dieu. Nous croyons en l’intelligence de la Bible», affirme François Bonzon.
La solution prendra donc la forme d’une collaboration avec les Eglises luthériennes et réformées de France. «A la demande de la Conférence des Eglises romandes en 2022, l’OPEC a étudié plusieurs scénarios. Sur cette base, la fondation a choisi de se rapprocher de la publication existante Pain quotidien», explique Vital Gerber, directeur de la maison d’édition romande. «L’OPEC devient donc co-éditeur de ce guide de lecture avec les Editions Olivétan. Cela s’inscrit dans une tradition de collaboration régulière entre ces deux institutions sœurs: Olivétan est un éditeur au service des Eglises protestantes de France, alors que l’OPEC se met au service des Eglises protestantes romandes.»
Les actuels auteurs et autrices de commentaires romands ont donc été invités à participer à l’élaboration de la publication française pour 2025. «J’ai trouvé que l’accueil a été soigné», se réjouit François Bonzon.
«Les lecteurs et lectrices retrouveront le même lectionnaire (planification de lectures bibliques), rassure Vital Gerber. Le changement principal concernera le format: passage d’une revue trimestrielle à une brochure annuelle, mais cette dernière est en couleur et le prix annuel sera plus bas. Je pense que l’on peut voir dans cette dynamique de collaboration par-delà les frontières une forme d’enrichissement mutuel.» Les deux publications suivent en effet une liste de lectures proposée par la Communauté de travail œcuménique pour la lecture de la Bible. «Elle permet de parcourir une fois l’Ancien Testament et deux fois le Nouveau Testament en huit ans», précisent les Editions Olivétan.
Pratiquement, à la fin de l’année, la Fondation Pain de ce jour enverra à ses abonnés actuels le livre de commentaires Pain quotidien pour 2025. En revanche, ils devront le commander à l’OPEC pour 2026, aucun transfert de fichier d’adresses ne pouvant se faire légalement.
A noter que l’office quotidien «Un temps pour prier», disponible sur untempspourprier.ch et qui propose chaque jour un temps de culte personnel et collectif, continuera d’exister en complément de cette offre de commentaires bibliques.