Ces derniers jours, j’ai écouté la rumeur du monde dans les médias. Alors que l’intelligence artificielle se développe, des malheureux continuent de se noyer en Méditerranée. L’humain ne peut-il être sage et juste? A cela, l’Ecclésiaste répond dans la Bible: personne n’est assez juste pour faire le bien sans faillir. C’est une illusion – ou de l’orgueil – de penser que la foi nous rendrait semblables à Dieu.

Cette coexistence du meilleur comme du pire apparaît aussi dans la parabole du bon grain et de l’ivraie dans Matthieu. Dans ce texte, le propriétaire du champ interdit aux ouvriers d’arracher la mauvaise herbe, de peur que ce ne soit fatal au bon grain. Etrange! Comme s’il indiquait une solidarité entre le bien et le mal. Cela, nous le savons d’expérience. Certaines fois, un mal est changé en bien. D’autres fois, un bien produit un mal.

De telles considérations risquent-elles de corrompre notre foi? Pas du point de vue de l’Ecclésiaste, qui appelle au respect d’un mystère trop dense pour nous. Etant donné que tu n’y comprends pas grand-chose, attends-toi à l’imprévu!

Tout ceci débouche sur une éthique personnelle que j’appellerai «la voie du milieu». Renonce à la perfection pour ne pas t’étioler et pour laisser respirer les autres. Et reste ouvert à l’imprévu, qui probablement t’obligera à changer tes plans. Rien n’est plus ennuyeux qu’une existence trop bien réglée. Souviens-toi que la foi véritable débouche sur l’insouciance de soi. Avoir la grâce ne revient-il pas à cesser de s’inquiéter de savoir si l’on a la grâce ou pas ?