Entre Vendredi saint et Pâques
Qu’a fait le Christ entre sa mort et sa résurrection? On s’est posé tôt la question, pour aboutir, probablement au IVe siècle, à cette affirmation du symbole dit «apostolique»: «il est descendu aux enfers». Mais les protestants réformés n’aiment guère ce mot «enfer» et suivent Zwingli dans son rejet de la croyance au purgatoire.
«Enfer» ne se trouve pas comme tel dans la Bible. Nos traductions actuelles lui préfèrent «séjour des morts». Soit. Mais pourquoi affirmer que le Christ s’y serait rendu juste avant Pâques? C’est, posé en termes de l’époque, tout le problème de la destinée éternelle des humains qui ont vécu pendant les millénaires précédant sa venue. Il serait allé à eux pour qu’eux aussi bénéficient de son Evangile, donc de la grâce de Dieu. La parabole est éloquente. Elle nous dit à sa manière l’universalité de la grâce divine. Comment Dieu s’y est pris avec les humains d’il y a deux ou trois cent mille ans? Ce n’est heureusement pas notre affaire, mais la sienne. En revanche, c’est la nôtre, dans la lumière de Pâques, de redire et de témoigner que son amour et son pardon – attestés dans l’Evangile et par l’événement de Pâques – sont pour tous les humains d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Et c’est encore notre affaire d’en vivre et de lui demander de toujours nous en pénétrer.
à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à la vie éternelle.
Bernard Reymond
Professeur honoraire de théologie pratique (UNIL) et pasteur, Bernard Reymond a fêté ses 90 ans en janvier. Il a publié une trentaine de livres consacrés à des thèmes variés: histoire de la théologie protestante, art de la prédication, statut de la femme du pasteur.