Donner une existence unique

©Matthieu Paillard / Donner une existence unique
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©Matthieu Paillard
Donner une existence unique

Donner une existence unique

Alexandre Winter, pasteur et aumônier
1 juin 2022
Appeler
Autour du Dimanche des réfugiés (19 juin 2022), dix villes suisses et plusieurs villes en Allemagne se recueilleront en nommant les milliers de personnes mortes aux abords de l’Europe sur les chemins de la migration. Cette action s’intitule «Les nommer par leur nom.»

Le Livre de l’Exode, vaste fresque racontant la naissance d’un peuple –, comme la narration d’une autre genèse – s’appelle en hébreu «Les Noms» (Shemôt). Il en va ainsi des titres hébreux des livres du Pentateuque, formés à partir des premiers mots de chacun d’eux. Ici, il s’agit de la liste des noms des descendants de Jacob partis en Egypte (Ex 1,1). Un moment crucial du même livre décrit la rencontre entre Moïse et Celui que les Israélites vénéreront comme seul Dieu.

Dans ce passage, la question du nom est centrale: il commence par l’appel de Moïse depuis le buisson ardent. Moïse y est appelé par son nom deux fois, comme s’il s’agissait de se diriger vers l’être le plus profond de cet homme, alors au seuil d’une étonnante découverte de lui-même et de ce Dieu qui appelle. Ensuite, c’est Celui-ci à qui il sera demandé de révéler son propre nom, ce qu’Il fera avec le mystérieux «Je suis», imprononçable parce qu’insaisissable.

Avant qu’Il donne en plus son nom de «Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob». Ainsi, dans ce livre contenant le récit d’une libération et la description des lois et des coutumes qui définiront la spécificité d’un peuple vis-à-vis de tous les peuples, le problème du nom est de la plus haute importance. Le nom sert à ceci: il donne une existence unique à quiconque est appelé. Nommer, c’est faire exister pour soi et c’est se lier soi à celui ou celle que l’on nomme. C’est donner l’être à celui ou celle qui peut-être sans nous n’existerait pour personne.

PRIÈRE

«Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.» (Es 43,1)

Dieu qui appelle, Dieu qui nomme,
je me tourne vers Toi et te dis «Me voici!»

Je ne sais pas encore,
je ne sais jamais complètement
ce que Tu attends de moi, mais, nommé par Toi,
je suis déjà changé.

Seigneur des oublié∙es et des anonymes,
apprends-moi comment donner dignité
à ceux et celles auxquels ce monde retire le nom.

Alexandre Winter est pasteur au sein de l’Aumônerie genevoise oecuménique auprès des requérants d’asile et des réfugiés.

Pour en savoir plus sur l'action «Les nommer par leur nom»:

https://www.beimnamennennen.ch/fr/2022