Dire merci…
Une fois par année, le temps du Jeûne fédéral nous ramène à la posture qui sied à notre condition: l’humilité, la redevabilité. Sans la providence de notre Dieu, qui ressource et soutient la Création, nous ne sommes rien. Dans la Bible, Jacques, le responsable d’Eglise, le rappelle à l’ensemble des communautés de son époque: «Tout ce qui nous arrive de bon, tous les plus beaux cadeaux viennent d’en haut. Ils viennent de Dieu, le créateur du soleil et des étoiles» (lettre de Jacques, chapitre 1, verset 17). Que faisons-nous lorsque nous recevons un cadeau? Nous exprimons notre reconnaissance: «Merci pour ta visite… Merci pour ton précieux coup de main… Merci pour ces fleurs… Merci pour cette bonne bouteille.»
Il me souvient d’une anecdote dont j’ai perdu la source. Etait-ce un fait divers? Une forme de parabole ? Un paysan avait été invité à un repas. Il était à table avec des hôtes qui, manifestement, ne venaient pas du même milieu que le sien. On sonna le début du repas, sans que personne ne manifestât le besoin de s’adresser à Dieu pour lui adresser reconnaissance. Discrètement, l’homme de la terre joignit les mains; il remercia le Seigneur pour les aliments qui garnissaient la table. Un convive, l’ayant remarqué prier en silence, s’adressa à lui avec une part d’ironie: «Dites-moi, chez vous, à la campagne, vous avez sûrement tous gardé l’habitude de prier, n’est-ce pas?» «Non, lui répondit le paysan, je ne peux pas en dire autant.» «Ah bon? poursuivit l’autre. Est-ce à dire que seuls les gens de votre génération le font encore?…» La réponse qui lui parvint ne fut pas celle qu’il attendait: «Non. Voyez-vous, dans mon étable, j’ai une truie et sept porcelets. Eh bien, eux ne prient pas. Mais le bétail mis à part, chacun remercie naturellement son Créateur pour la nourriture et la boisson. Fin de la conversation…»
Je dis merci à notre Dieu pour les bénédictions dont il me gratifie jour après jour. Je ne m’y habitue pas… ou en tout cas, j’essaie. Une façon d’ancrer concrètement cette reconnaissance dans ma vie quotidienne, c’est de verbaliser mon contentement à haute voix, quand l’occasion s’y prête. Pour honorer Dieu, mais aussi pour que mes propres oreilles l’entendent. Et, pourquoi pas, pour que celles et ceux qui m’entourent y aient accès également. Par exemple, lorsque, avec joie, un employé communal me fait part de sa récente promotion professionnelle, je lui donne cet écho: «Je dis merci à Dieu pour ce que tu me racontes.» Finalement, en procédant ainsi, n’est-ce pas une manière de traduire la bonté de Dieu d’une façon naturelle? Si, parfois, le débat des idées est de nature à dresser les esprits les uns contre les autres, en revanche, le partage de la reconnaissance, lui, a un effet rassembleur; il ouvre les cœurs.