Avant même le début de la campagne, fin février, l’œuvre d’entraide protestante Pain pour le prochain (PPP) a ressenti les effets de la pandémie de Covid-19. Les invités du Guatemala et du Honduras, qui auraient dû se rendre en Suisse pour la campagne œcuménique, ont dû annuler leur venue. Plus récemment, les roses qui auraient dû être vendues au public, le 21 mars, ont été distribuées gratuitement dans des maisons de retraite et des hôpitaux, car cette action aurait été trop risquée. «Cela représente des coupes financières importantes pour la campagne œcuménique», déplore Gabriela Neuhaus, responsable presse de PPP. De surcroît, le dialogue avec la population est compliqué, ajoute Matthias Dörnenburg, responsable de la communication d'Action de Carême.

Selon PPP, les organisations partenaires à l'étranger ne sont pas non plus en mesure de mener à bien les nombreuses actions et événements prévus. Les organisations humanitaires s'attendent, en effet, à d’importantes pertes financières dues à la pandémie de corona. Pour l’instant, aucun chiffre ne peut encore être donné. «Ce serait comme de lire dans du marc de café que de faire des prévisions précises», relève Matthias Dörnenburg. Mais Gabriela Neuhaus donne un exemple concret: la campagne de roses qui a été annulée a coûté 250’000 francs à chacune des deux organisations.

Toutefois, selon Gabriela Neuhaus, la pandémie ne plonge pas les organisations en situation de crise pour le moment. «La campagne œcuménique est en effet importante, car de nombreuses actions sont également menées dans les paroisses, à cette période. Mais heureusement, nos dons sont répartis sur toute l'année.» Actuellement, un élan de solidarité se développe en Suisse, notamment envers les personnes âgées et les familles touchées par le virus. Gabriela Neuhaus espère que cette solidarité «dépassera les frontières suisses» et touchera également les populations du Sud.

Il en va de même pour Action de Carême, mais l’œuvre d’entraide catholique s'inquiète pour ses programmes et ses projets. «Une équipe de gestion de crise a été mise en place et analyse attentivement la situation dans les pays du programme», précise Matthias Dörnenburg.

Les deux organisations cherchent maintenant de nouvelles façons d'atteindre la population. Pour remplacer les jours de soupe de carême vécus en communauté, il est désormais possible de commander des soupes en sachet et de les distribuer. Cela fait partie d’un appel aux dons. Les deux organisations comptent de plus en plus sur les offres et communications en ligne, qui selon Matthias Dörnenburg, fonctionnent bien jusqu'à présent. Par exemple, la spécialiste des semences au Guatemala explique, désormais, son inquiétude dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.