Des clichés pour effacer les stigmates

Des clichés pour effacer les stigmates / © taniaemery.ch
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Des clichés pour effacer les stigmates
© taniaemery.ch

Des clichés pour effacer les stigmates

Exposition
Des photographies qui montrent comment des jeunes dépassent leurs souffrances: c’est l’exposition réalisée pour le festival BREF par la sociophotographe Tania Emery.

Vingt jeunes de 15 à 25 ans posent devant un fond noir, tenant chacun•e une pancarte où figure un mot qui définit leur combat: «honte», «persévérance», «autonomie», «solitude», «sacrifice» ou encore «guerrière». Chacun•e est appuyé•e sur une malle, objet métaphorique des souffrances que l’on porte. L’image est sobre, intimiste. Certain•es ont l’air triste, d’autres présentent un visage plutôt serein.

«L’idée de ces photographies est de montrer comment ces jeunes ont réussi à transcender leur détresse, qu’elle soit visible ou non», explique Tania Emery, qui a soigneusement sélectionné ses modèles pour ce projet. Car, si l’on en croit les professionnels de la santé, les adolescent•es et les jeunes sont nombreux et nombreuses, de nos jours, à porter de bien lourds bagages.

«Beaucoup pratiquent la scarification. Pour certain•es, c’est même à qui s’infligera la blessure la plus profonde. Vient ensuite la honte des cicatrices», souligne la photographe. «C’est la raison pour laquelle oser montrer sa vulnérabilité et se voir, avec peut-être les traces de ses blessures, est une étape fondamentale dans leur processus de libération.»

L’exercice demande un réel lâcher-prise devant l’objectif, et s’accompagne parfois de moments forts en émotions. Tania Emery salue d’ailleurs le courage de ces volontaires, qui montrent l’exemple à d’autres jeunes de leur âge, mais également à bien des adultes. «Dans ce projet, il n’est pas question de cultiver le pathos de leur histoire. Il s’agit au contraire de permettre à ces jeunes de se projeter dans l’avenir.»

Les aider à reconstruire leur estime d’eux-mêmes

Retrouver la confiance

Fondatrice de l’association Corps à cœur, en 2021, Tania Emery a inventé son métier de sociophotographe. Son travail s’adresse à des personnes en situation de fragilité, pendant ou après une maladie, un accident, une amputation ou de graves brûlures. Les clichés ont alors pour but de les aider à reconstruire leur estime d’elles-mêmes, à retrouver confiance, grâce aussi à un accompagnement professionnel. Elle collabore parfois avec des médecins.

A voir au festival BREF

L’exposition «Oser se dévoiler, par-delà les cicatrices entre 15 et 25 ans» vous intrigue? Rendez-vous à Beausobre, au Cube, les 2 et 3 novembre, pour y retrouver les photos de Tania Emery. Plus d’informations sur battement.ch.

Cette ancienne enseignante du secondaire travaille également depuis plusieurs années spécifiquement avec des adolescent•es en milieu scolaire. Dans son studio de Saint-Prex (VD), elle les aide à adoucir le regard qu’ils ou elles posent sur leur apparence en cette période de transition, souvent emplie de doutes, de fragilité et de remises en question.

Tania Emery a été contactée par les jeunes du festival BREF afin de réaliser cette exposition. Par le passé, elle s’est beaucoup impliquée dans l’Eglise et offre encore à l’occasion ses talents de photographe aux paroisses de la Région de La Côte. En plus de son exposition, elle donnera également une conférence, qui sera accompagnée d’une mise en scène avec les jeunes de son projet.