Mariage pour tous: l’Église réformée vaudoise adopte une bénédiction unique
Les couples mariés civilement pourront recevoir une bénédiction de mariage à l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV). Tel en a décidé le Synode (organe délibérant) de l’EERV à quelques encablures de l’entrée en vigueur du mariage civil pour tous, le 1er juillet. Réunis les 17 et 18 juin à Orbe et Bavois, les délégués ont accepté la modification du Règlement ecclésiastique afin d’offrir une même bénédiction nuptiale à tous les couples mariés.
La balle est désormais dans le camp de l’exécutif: le Conseil synodal doit revenir en novembre avec des propositions de révisions réglementaires et des mesures théologiques et pastorales d’accompagnement en vue de la mise en œuvre de la décision prise. Il planchera aussi sur un projet d’article offrant un dispositif de refus ou de report des cérémonies nuptiales, pour des raisons de conscience de la part des ministres.
L’impératif du choix
Actuellement, le Règlement prévoit une bénédiction du couple civilement marié, et, depuis 2013, des prières pour les personnes liées par le partenariat enregistré, se fondant sur un attachement à la conception du mariage défini comme l’union d’un homme et d’une femme. Deux rites distincts, donc. Mais avec l’entrée en vigueur du mariage pour tous au 1er juillet et l’abandon du partenariat enregistré au niveau civil, le toilettage du Règlement était devenu nécessaire.
Deux options étaient soumises au Synode. Il pouvait décider de maintenir deux rites selon l’orientation affective des mariés, soit une bénédiction pour les couples hétérosexuels et des prières pour les conjoints homosexuels. Ou alors, opter pour une même bénédiction pour tous les mariés à l’état civil, comme le préconisait d’ailleurs le Conseil synodal et la commission d’examen.
Il aura fallu un après-midi entier de discussions pour parvenir à une décision. Avec un débat d’entrée en matière qui, à lui seul, a pris deux heures. La raison? Une minorité de délégués souhaitait notamment une consultation large du peuple de l’Église avant de prendre une décision. Il s’agissait, selon eux, d’assurer ainsi un vote représentatif des positions du terrain et d’éviter des clivages dans les rangs réformés sur un sujet jugé sensible.
La crainte du clivage
Une consultation que l’exécutif n’a pas voulue, rappelant que le Synode est le seul organe légitime pour décider de la ligne théologique et ecclésiale. C’est à une large majorité que l’entrée en matière a finalement été acceptée, ouvrant, plus qu’un débat, le toilettage des différentes propositions de décision soumises au vote. Résultat: à l’acceptation de la bénédiction nuptiale unique, le Synode s’est prononcé en faveur d’une clause de conscience pour les ministres et des mesures d’accompagnement pour faciliter l’application de la décision sur le terrain.
Pour rappel, en mai, les Églises réformées Berne-Jura-Soleure ont dit «oui» à une telle bénédiction en première lecture. Une décision que l’Église protestante de Genève avait faite sienne en 2019. Dans les cantons de Neuchâtel et Fribourg, aucune décision n’est nécessaire, leur règlement ne précisant pas le genre des époux. Quant au Valais, la liberté est laissée au ministre. Enfin, il y a quelques jours, c’est l’Église catholique chrétienne qui s’est prononcée en faveur de la bénédiction de mariage pour tous.
Et aussi
Le Synode de printemps a aussi été l’occasion pour les délégués de l’Église vaudoise d’adopter des comptes 2021 bénéficiaires, un résultat lié à des activités non réalisées en raison de la pandémie et à des postes vacants. Le rapport de gestion du Conseil synodal a aussi été accepté, de même que le renouvellement de la convention quadriennale liant l’EERV au Centre culturel des Terreaux.