Bienne: un abri pour les SDF atteints du Covid-19
«Les sans-abri n'ont nulle part où s'isoler. Un impératif en cas de tests positifs au Covid-19. Et même en cas de maladie légère, il est important que ces personnes puissent se sentir en sécurité et se rétablir», explique Karin Wuethrich, responsable «Travail et Formation» à l’Armée du Salut. Face à cette situation, la Ville de Bienne a mandaté l’Armée du Salut et la Protection civile pour mettre en place un endroit destiné aux sans-abri atteints du coronavirus. C’est la maison des scouts Gottstatt, à Orpond (BE), qui a été aménagée à cet effet. Depuis fin mars, quinze places sont disponibles pour accueillir des malades et cinq autres pour des personnes présentant des symptômes, en attente du résultat de leur test.
«Actuellement, il n’y a pas de malade», précise André Glauser, responsable de la sécurité publique à Bienne. «Depuis le 14 avril, Bienne a enregistré deux personnes malades sans domicile. Elles ont pu être soignées à la maison des scouts Gottstatt», ajoute Karin Wuethrich. «Chaque fois qu'il y avait des personnes à prendre en charge, deux membres de la protection civile étaient déployés. Ils ont soutenu le personnel de l'Armée du Salut dans la prise en charge des personnes hébergées en mettant en place les infrastructures, transportant les personnes, le matériel et les repas et en encadrant les malades pendant la nuit», explique André Glauser. Les membres de la Protection civile, tout comme ceux de l’Armée du Salut ont bénéficié d’une formation tant sur le fonctionnement de la structure que les règles d’hygiène. «Outre la maladie, les aspects psychosociaux sont également un défi pour aider les sans-abri», souligne Karin Wuethrich.
Plusieurs lieux pour accueillir les SDF
Karin Wuethrich constate que le nombre de SDF a augmenté depuis le mois de mars à Bienne notamment à cause de l’arrêt du renvoi de certains migrants libérés des centres de procédures et des prostituées qui ne peuvent plus travailler. Ainsi fin mars, l’Armée du Salut a été sollicitée par la Ville afin d’aider à mettre sur pied trois structures pour les SDF. «Un lieu d’accueil pour les personnes en bonne santé, un autre pour celles qui ont des symptômes et qui attendent un test et le troisième pour celles qui sont touchées», précise Karin Wuethrich, qui travaille comme assistante sociale dans ces structures. «Le risque est que tout un groupe tombe malade dans la première structure. Si tel était le cas, elle devrait également être placée en isolement», ajoute-t-elle.
«Cuisine populaire Bienne» fait aussi partie du projet, en préparant des repas qui sont livrés par les membres de la Protection civile. Et le home, la Lorraine, met à disposition des vêtements de travail, des produits de nettoyage, des équipements de sécurité et un accès à une buanderie. Jusqu’à quand cette aide d’urgence sera proposée? «En ce moment, des discussions sont en cours avec la Ville pour savoir comment, où et combien de temps ces structures doivent être maintenues. On ne peut rien dire de plus pour l'instant», précise Karin Wuethrich qui s’inquiète pour les semaines à venir. «Les gens vont vivre dans une plus grande insécurité qu'auparavant. En outre, il leur sera probablement plus difficile de se procurer les produits de première nécessité, car toute la population continue de vivre en maintenant une distance sociale. Cela a un impact sur les sans-abri à cause de la mendicité. Et comme les frontières sont fermées, il n'est pas possible pour les réfugiés ayant fait l'objet d'une décision négative ou pour les prostituées de quitter le pays. Ils sont donc bloqués.»