Elles font bouger le protestantisme: Gabriela Allemann Heuberger
L’énervement? Chez Gabriela Allemann Heuberger, il est arrivé d’un coup. Un beau matin, dans son gymnase de Berthoud (BE), dans l’Emmental, son professeur d’allemand explique avoir vu un match de foot féminin et trouvé cela «horrible». «Ce moment a marqué un éveil. Je me suis énervée et j’ai réalisé que les questions politiques me concernaient en tant que femme. Ce sujet est devenu personnel.» Ni une, ni deux, elle participe à la création d’un club de foot féminin, et à celle d’une section ‹jeune› du parti socialiste. «Je voulais m’engager politiquement pour les femmes et pour la justice.»
Elle étudie la théologie, mais ne se destine pas immédiatement à devenir pasteure. «Mon grand-père était ministre, ma grand-mère femme de pasteur. C’est important de le souligner, car sans elle, il n’aurait pas pu mener cette vie. De l’intérieur, j’ai bien vu combien le rôle et le travail de l’épouse étaient peu valorisés, et que le métier de pasteur demandait un engagement à 150 %, rendant compliquée et parfois presque inexistante toute vie familiale, ce que je trouvais négatif.» Elle milite beaucoup pour les temps partiels choisis, gage selon elle de qualité de vie.
Les études la passionnent et elle rejoint des groupes de travail sur la théologie au féminin, puis réalise, à dessein, ses stages chez des pasteures femmes, y compris une pasteure homosexuelle. «J’ai compris qu’on pouvait avoir une vie personnelle, continuer à travailler sur un doctorat, et incarner sa fonction de manière à impulser des changements non seulement dans sa communauté, mais j’espère, pour toute l’Eglise.»
Durant dix ans, elle est pasteure à Münsingen, entre Berne et Thun, à mi-temps. Un rythme tout sauf anodin pour cette mère de deux enfants. «Mon époux aussi était à 50%, c’est un luxe d’avoir pu se permettre cela. Il est important qu’hommes et femmes puissent se définir autrement que par le travail: par leurs loisirs et leur vie de famille, notamment.» En tant que présidente des FPS, organisation faîtière plutôt discrète, principalement active dans le lobbying politique, elle compte dans un premier temps s’inscrire dans la continuité. «J’aimerais continuer à faire entendre la voix des femmes et poser les questions dans les domaines publics qui les concernent, notamment le care et tout ce travail non reconnu, ou la construction des rôles de genre. S’il y avait une priorité politique pour elle? «Que la loi sur l’égalité soit enfin appliquée dans les faits! Nous devons nous attaquer aux causes profondes des inégalités.»
Infos: www.efs.ch