Elles font bouger le protestantisme: Emmanuelle Jacquat
La démarche de cette jeune ministre s’inscrit dans une volonté de changer le cours normal des cultes. «J’ai beaucoup d’amis distancés de l’Eglise qui ne se retrouvent plus dans les formes habituelles de cérémonies, qui ne comprennent plus la liturgie…» Elle choisit d’organiser une série de célébrations titrées «50 nuances de culte».
Celle du 17 mars se démarque par une prédication très longue, autour du thème du harcèlement. «La qualité d’écoute était exceptionnelle», souligne un participant. La pasteure part des textes bibliques pour expliquer les mécanismes d’invisibilisation des femmes dans les premiers siècles du christianisme et leurs conséquences jusqu’à aujourd’hui. «Il y a un inconscient puissant, présent depuis des siècles, ancré dans une certaine tradition religieuse, qui nous anime toujours, même si la religion est moins présente dans nos sociétés», explique la jeune femme. Le malentendu qu’elle souhaite lever? «L’idée de soumission. Pour moi, toute une série d’incompréhensions vient de là. J’entends des catéchumènes de 10 ans raconter que ‹l’homme a été créé avant la femme›… Le viol conjugal a été reconnu tardivement en Suisse, parce que l’inconscient collectif, formé par une certaine lecture des textes bibliques, estimait que les femmes devaient être soumises à leurs maris.»
Face à tous ceux qui se sentent perdus au milieu des revendications féministes actuelles, elle redonne une boussole simplissime: le respect. «J’ai découvert que dans la version originale de La Belle au bois dormant, la Belle subit en réalité un viol. J’ai grandi avec la version de Disney, qui crée une confusion. Embrasser quelqu’un qui dort, c’est ‹chou›. Mais on a beau changer la réalité pour la rendre plus jolie, cela ne masque pas l’irrespect.»