Comment vais-je répondre à l'appel de Noël
Bien des personnes, aujourd’hui, doutent des récits de Noël car ils ne croient plus aux miracles. Est-ce une raison valable?
Non, car toutes ces distinctions apparues à l’époque moderne entre ce qui est naturel et miraculeux n’ont pas vraiment de sens. Il est impossible de situer précisément la frontière entre ce qui est ordinaire et surnaturel. Cette limite est très floue. Par exemple, dans l’érotisme ou la torture, le plaisir extrême et la souffrance extrême sont des phénomènes indescriptibles, et pourtant Dieu sait s’ils sont naturels !
Avec leur côté merveilleux, les textes bibliques de Noël peuvent donc avoir un sens actuel?
Entre aujourd’hui et il y a deux mille ans, il n’y a pas de différence. Le lecteur de votre journal, Réformés, en lisant ce numéro de Noël, doit se poser la question: «Et après tout, si c’était vrai, qu’est-ce que je ferais?» Il a reçu l’appel de Noël, mais peut-être se dit-il: «Après tout j’ai d’autres choses à faire.» La situation est donc tout à fait la même qu’au temps de Jésus: l’appel est tout aussi vif, et nos réponses révèlent qui nous sommes.
Vous semblez insister sur notre manière d’y répondre plus que sur l’appel de Dieu.
En effet, ce sont nos réponses humaines qui révèlent qu’il y a un appel divin. Cet appel est toujours actuel parce qu’il est toujours possible d’y répondre. En lisant les récits bibliques de Noël, on peut observer comment réagissent les gens à l’annonce de la naissance du Messie. Que vont-ils admettre ? Hérode perçoit le Messie comme un concurrent politique qui va prendre sa place. Sa réponse est: «Il faudra l’éliminer.» Les mages, savants de l’époque, cherchent à confirmer la venue du Messie par des observations astronomiques. Enfin, les bergers perçoivent le Messie comme un chef des pauvres, qui se souciera de leur cause. Chacun imagine le Messie selon son propre modèle.
En fin de compte, chacun se fabrique son propre Messie?
Non, il y a bien une annonce réelle du Messie, mais la manière dont il est reçu fait partie de ce qui est annoncé. En répondant par «oui» ou par «non» à l’annonce du Messie, on se juge soi-même. Dans les récits des Evangiles, les gens arrivent auprès du Christ et lui posent des questions. Mais le Christ reprend la main, retourne la question et celui qui questionne se trouve confronté à sa propre vérité. Pilate, par exemple, demande au Christ «qu’est-ce que la vérité?», alors qu’il a la vérité devant lui. Il montre ainsi que la vérité n’est pas un problème sérieux pour lui, mais que ce qui l’intéresse, c’est de garder son poste.
La révélation est donc un phénomène qui implique celle ou celui qui la reçoit?
Oui, et c’est le cas de presque tous les phénomènes. Une bouteille a le même aspect pour tous, mais ceux qui ont soif s’y intéressent d’une manière très particulière. La même œuvre d’art apparaît différemment en fonction de notre sensibilité esthétique personnelle. En théologie également, Dieu parle à tous, mais chacun l’entend et répond à sa manière, certains mieux que d’autres. Le christianisme est l’histoire de celles et ceux qui ont deviné l’appel divin et y ont répondu. Quand quelqu’un répond vraiment à l’appel de Dieu, cela donne un saint, un fondateur religieux ou un Messie.