Cher internaute,
j'ai un peu tardé pour répondre, car j'ai voulu une réponse juste et équilibré
que j'ai demandé à un ami spécialiste de ces questions. Voici comment il répond
à votre question:


Un jour un théologien orthodoxe a essayé de définir l'attitude des orthodoxes
vis-à-vis des autres chrétiens au moyen de cette parabole :  Un maître, en
partant, laissa son enseignement à trois disciples. L'aîné répéta fidèlement
ce que son maître lui avait appris, sans rien y changer. Un des cadets ajouta
à cet enseignement, l'autre en retrancha une partie. A son retour, le maître,
sans se fâcher avec aucun d'eux, dit au deux plus jeunes :  Remerciez votre
frère aîné : sans lui vous n'auriez pas conservé la vérité que je vous ai donnée
Ÿ. Ensuite il dit au frère aîné :  Remercie tes frères cadets, sans eux tu
n'aurais pas compris la vérité que je t'ai confiée Ÿ Ÿ.
Les orthodoxes pensent qu'ils sont dans la situation du frère aîné.
Ils se réclament d'une continuité vivante avec l'Eglise des apôtres et des Pères.
Ils n'ont pas connu la scholastique, ni la Réforme, ni la Contre-Réforme. Ils
comprennent leur vocation de témoigner de la tradition ininterrompue qui remonte
au Christ et qui est toujours jeune, vivante et créatrice, parce qu'il est avec
nous chaque jour.
Avez-vous déjà participé à une liturgie orthodoxe ? Vous aurez remarqué
que l'ordre du culte est très différent du culte protestant. On a l'impression
d'être dans un autre monde. On découvre alors que le culte protestant est très
proche de la messe catholique dans sa structure. Ceci montre que catholiques et protestants
appartiennent à la même tradition, qu'on appelle  occidentale Ÿ. Alors que
les orthodoxes font partie de la tradition  orientale Ÿ.
Aujourd'hui, grâce au mouvement oecuménique, nous nous rencontrons à
nouveau, après presque un millénaire de séparation. Nous protestants (et catholiques),
nous sommes les frères cadets. Nous pouvons être reconnaissants envers les orthodoxes
de nous avoir légué la richesse de leur liturgie, la prière de Jésus, le sens profond
de la continuité de la foi. Durant le 20e siècles l'Eglise orthodoxe dans les
pays de l'Est nous a aussi rappelé la signification essentielle du martyre.
Quant à l'orthodoxie, elle peut remercier ses frères cadets, car le
contact avec les chrétiens d'Occident les aide aujourd'hui à répondre aux défis
que leur lancent des sociétés de plus en plus pluralistes et sécularisées. De
plus la connaissance biblique des Eglises protestantes conduira certainement les orthodoxes
à un renouvellement de leur lecture des Ecritures.
Les frères ont donc tout avantage à dialoguer, à  aimer l'Eglise de
l'autre comme la sienne Ÿ. Pour un enrichissement réciproque et pour mieux répondre
ensemble à la grâce du Christ toujours agissante.