Double consécration au sein de l’EREN

Gaël et Ruth Letare / © Alain Grosclaude
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Gaël et Ruth Letare
© Alain Grosclaude

Double consécration au sein de l’EREN

Diaconat
Mari et femme à la ville, Gaël et Ruth Letare seront tous deux consacrés au ministère diaconal dans l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) le dimanche 27 octobre.

Venez-vous d’une famille pratiquante?

Ruth Letare - Oui, mon papa était pasteur dans une Eglise évangélique libre en France. C’est aussi un milieu protestant, mais une autre théologie et une autre sensibilité.

Gaël Letare - Ma mère et ma grand-mère étant adventistes, j’ai été élevé dans cette foi jusqu’à l’adolescence, où j’ai tout stoppé. Je suis revenu à la foi vers 25 ans, grâce à des témoignages évangéliques. J’ai ensuite été accueilli par une Eglise évangélique libre de Genève comme si je faisais partie de la famille, ce qui m’a bouleversé

Quelle est l’origine de votre vocation?

R. L. Durant ma jeunesse, j’ai toujours été engagée dans mon Eglise. J’avais cet appel, ce désir, cette vocation de service pour l’Eglise depuis longtemps, mais cela a été tout un cheminement de libération pour moi qui viens d’un milieu évangélique où les femmes sont engagées, mais pas reconnues à tous les niveaux. C’est notamment ce qui est arrivé à ma maman et je n’avais pas envie de revivre cela.

G.L. Après avoir travaillé durant plusieurs années en tant que barman et serveur, je me suis dirigé vers le social. J’ai participé à la création d’une association qui aidait les jeunes toxicomanes. J’étais également animateur de rue, engagé par une église aux Pâquis. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré pour la première fois l’Eglise protestante de Genève, par le biais d’une diacre qui prenait soin des plus démunis.

Le diaconat est une évidence pour moi
Gaël Letare

Quel cheminement vous a conduit•es au diaconat?

R. L. Je suis infirmière de métier. Nous sommes partis cinq ans en famille au Laos, entre 2013 et 2018, en service pour une ONG franco-suisse, le Service fraternel d’entraide, en tant que «volontaires de solidarité internationale». Là-bas, on ne fait pas attention à son titre, on développe tout un potentiel et de nombreuses choses mûrissent en nous. Nos moindres talents et dons sont exploités. A la fin de ma mission, je savais que je voulais faire du service à mon Eglise mon métier.

G. L. J’avais travaillé durant cinq ans pour la paroisse de l’Entre-deux-Lacs en tant qu’animateur jeunesse, organisant notamment de nombreux camps accueillant une centaine de jeunes chaque hiver. Puis nous sommes partis au Laos, période durant laquelle nous avons été très soutenus par des membres de la paroisse. A notre retour, la paroisse m’a offert un poste de permanent laïque. De mon côté, j’avais envie de retrouver l’aspect solidarité que j’avais connu à Genève. Le diaconat était une évidence.

Ces cinq années au Laos semblent avoir été déterminantes dans votre parcours?

R. L. Oui. Sur le terrain, à l’étranger, en pleine acculturation, la foi devient un repère plus important. Et dans ce milieu moins développé, plus précaire, on sent la richesse des cœurs, de la vie. Soutenir et encourager les gens dans leur foi a été une richesse. Notre mission était de type holistique, c’est-à-dire de prendre soin des gens dans leur globalité. Cela a été passionnant de voir les jeunes villageois développer leur foi, mais également leur caractère, leurs rêves et leur potentiel.

Quelle signification votre consécration a-t-elle?

R. L. C’est une reconnaissance de la part de mes pairs, une validation devant les autres ministres et les paroissiens. C’est la fin du parcours de formation et le début de quelque chose d’autre. C’est une fête qui célèbre le chemin – pas toujours simple – qui a été parcouru en presque cinq ans. Avoir pu faire cette formation en couple a été une double joie, mais aussi un défi. Nous avons davantage appris à fonctionner en équipe en tant que couple et à partager la charge parentale. Durant cette période, Dieu a pourvu à travers plusieurs personnes. Cela a été quelque chose de beau à expérimenter.

G. L. C’est une reconnaissance, bien sûr, un moment solennel qui sera partagé avec mes pairs. Mais je la vis avant tout comme la continuité de ce que je fais depuis une quinzaine d’années dans différents postes au sein de l’EREN. Je suis content de la vivre avec mon épouse et ma paroisse.

De quelle manière souhaitez-vous colorer votre ministère?

R. L. J’ai récemment fait mes débuts à la paroisse de l’Entre-deux-Lacs après le stage de dix-huit mois et l’année de suffragance dans le canton de Vaud puis dans le Val-de-Travers et dans les Hautes Joux. Pour le moment, je reçois un peu tout comme une vague! J’ai déjà ce nouveau métier à maîtriser. Je veux démarrer sainement, avec une bonne gestion des limites – le travail, le repos, la famille – car les burn-out sont fréquents durant les cinq premières années de ministère. Je vis comme un cadeau le fait d’être ministre dans ma propre paroisse, de pouvoir servir aujourd’hui les personnes que j’ai connues en tant que paroissienne et celles qui nous ont soutenus par des dons lorsque nous sommes partis au Laos et qui nous ont adoptés à notre retour.

G. L. J’ai fait mon stage puis mon année de suffragance à la paroisse de La Chaux-de-Fonds, dans une ville de 40'000 habitants très demandeuse pour tout ce qui concerne la solidarité. Je suis à l’endroit idéal pour vivre mon ministère comme je le conçois. Nous avons, par exemple, lancé les «Repas de l’amitié», qui ont lieu chaque mercredi au centre paroissial sur un mode participatif. Près de quarante personnes, la majorité à l’AI ou bénéficiaires des services sociaux, prennent part au repas, précédé par un temps de méditation. Un groupe biblique est né de ces rencontres. J’ai le désir de partager ma foi, de faire découvrir la foi aux gens que je rencontre, de les aider à s’ouvrir à une spiritualité chrétienne. Une manière d’entrevoir un Dieu qui est là au milieu de nos souffrances et nos difficultés.

Que souhaitez-vous apporter aux autres?

R. L. Etre diacre est une passion pour moi. C’est un rêve devenu réalité. Le soin, l’écoute, la relation aux autres et l’empathie étaient déjà une partie de ma vie d’avant en tant qu’infirmière. Je vis le diaconat comme une continuité. Pour moi, l’Eglise a un rôle à jouer dans l’accueil pour tous, la bienveillance et l’aide. J’aimerais ajouter un petit bout de ma couleur à ce qui est déjà en place en continuant à veiller à ce que les familles soient bien accueillies à l’église et que les enfants aient toute leur place au culte. C’est un vrai défi de créer des ponts avec les familles distancées et la société, de voir comment l’Eglise peut aider les parents et les accompagner de manière holistique. D’un côté il y a des besoins et de l’autre des paroissien•nes qui n’attendent que cela: s’engager dans quelque chose de concret.

G. L. La collaboration entre les pasteurs et les diacres dans la vie de l’Eglise permet à l’Eglise de proposer une offre cohérente. J’aime le diaconat pur face à l’isolement et à la solitude des gens. Les besoins sont flagrants. J’essaie de proposer des cultes spéciaux, avec un accueil et un repas, pour ces personnes distancées de l’Eglise et de la foi. Je suis également aumônier de rue à La Chaux-de-Fonds, au Seuil, un lieu d’accueil de personnes toxicomanes. J’aime le contact avec les gens simples et authentiques. Je me sens dans les bonnes chaussures à ce poste, c’est un vrai cadeau.

Côté pratique

Le culte de consécration de Ruth et Gaël Letare aura lieu le dimanche 27 octobre, à 17h30, au Temple Farel de La Chaux-de-Fonds.

Chacune et chacun est invité•e – un coin enfants est prévu – à venir les entourer pour ce moment important qui sera suivi par un apéritif dînatoire.

Qui sont-ils?

Ruth Letare (45 ans) est diacre à la paroisse de l’Entre-deux-Lacs à 80%.

Gaël Letare (47 ans) est diacre et aumônier de rue à La Chaux-de-Fonds (à 65%) ainsi que journaliste-animateur à Ma foi c’est comme ça sur Canal Alpha.

Ils sont les parents de Paul (7 ans) et des jumeaux Matthieu et Louis (13 ans).