Un aumônier à l’hôpital, ça sert à quoi?

L’aumônier offre un espace de parole où l’on peut parler de manière authentique et sans enjeu. En entretien, je n’attends rien des gens, je suis entièrement à leur disposition. C’est complémentaire aux soignant·es très sollicité·es.

Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans ce travail?

J’aime la diversité des rencontres, des personnes et des histoires de vie. Il n’y a pas un jour pareil à un autre. En frappant à une porte pour entrer dans une chambre, c’est toujours un rendez-vous avec l’Inconnu. Je suis prête à accueillir le Mystère et les surprises. Je suis impressionnée par les ressources de certaines personnes.

Comment abordez-vous les patient·es?

Je me présente et leur demande leur nom. Je favorise une prise de contact chaleureuse et enthousiaste. Les réactions sont diverses: surprise, agacement, joie, incompréhension, hésitation, indifférence ou défensive. Les déceptions face à l’Eglise ou à Dieu, les lassitudes face aux conflits du monde peuvent être un sujet dans le premier temps de la visite. Tout en accueillant leurs préoccupations, je les invite à explorer l’impact sur leurs réalités personnelles.

Qu’est-ce qui est difficile pour vous dans ce travail?

Mettre fin à un entretien! Intervenant dans plusieurs services, je privilégie la pluralité et la qualité par rapport à la durée. Je parviens vite à construire un lien avec les gens et à aborder les questions importantes pour eux. Je prends aussi le temps nécessaire si une personne ou une famille a besoin d’un accompagnement plus long.

Pourquoi avez-vous choisi ce type de ministère?

C’est un travail qui permet de rencontrer beaucoup de monde et d’être à l’écoute: j’aime ça! J’apprécie aussi encourager les gens à se décentrer ou à mobiliser leurs propres ressources pour aller mieux, trouver un chemin de pacification. Souvent, le seul fait d’avoir pu s’exprimer apporte un soulagement. C’est une autre manière de vivre l’Eglise qu’en paroisse, mais elle est précieuse: éprouvés et arrêtés dans leur quotidien, les questionnements sont très profonds et vont à l’essentiel.

En quoi votre travail est-il différent de celui d’un psychologue?

A l’hôpital, leur intervention est liée à un mal-être, à un problème spécifique qui doit être soigné. L’aumônier, lui, visite la personne en tristesse par exemple, avec le souci de proximité, simplicité et réconfort. Comme aumônier, on a une vision globale des personnes, incluant la dimension spirituelle. Pour moi, le patient ne se réduit pas au diagnostic et à la prise en charge. Cela dit, il est essentiel d’intégrer les équipes soignantes et de contribuer ensemble au mieux-être des personnes!

Et la religion dans tout ça?

Accompagner chacun·e indépendamment de ses appartenances ou non religieuses est primordial. Proposer des relais est utile. Les personnes ont besoin de se sentir comprises et respectées. La spiritualité peut être une ressource parmi d’autres pour aller mieux.