Comment naît l’empathie
Après avoir travaillé une dizaine d’années dans le secteur de la communication, notamment auprès du CHUV, Amélie Kittel (37 ans, Cully) a décidé de reprendre des études en soins infirmiers.
«J’ai démissionné hier. Je me réjouis énormément de me plonger dans un nouveau domaine d’activité au tiers de ma carrière. La pandémie n’a pas été le déclencheur de cette vocation, mais elle m’a montré tous les aspects techniques et de planification du métier. Je trouve ça passionnant. Mais le noyau dur, bien sûr, c’est l’envie d’aider. Je sais parfaitement combien on se sent vulnérable au moment d’une hospitalisation: c’est précisément là qu’on a besoin de se sentir le plus en confiance et entre de bonnes mains. Je crois que le déclic est venu du fait d’avoir des enfants. J’ai pris ce rôle très à cœur, avec tous ces gestes: nettoyer le cordon ombilical, passer du sérum dans le nez, soigner les premières blessures… J’ai appris grâce aux sages-femmes, à d’autres parents, au pédiatre… Etre parent, c’est être soignant.»
Avril 2020, Zalfa El-Harake, 44 ans, outrée par le prix des masques, fonde Swiss TaskForce, fabrique locale de masques pour contrer la spéculation sur les prix. Sa vision du soin lui vient d’une expérience scolaire.
«Le care, c’est-à-dire le respect de l’autre et de la communauté où je vis, est au centre de toutes mes activités. On ne peut pas faire du business sans placer l’humain au centre. Quand on prend quelques minutes de la vie de quelqu’un, il faut réfléchir à ce qu’on lui apporte en retour, en quoi ce qu’on lui transmet va l’élever, l’améliorer, l’inspirer. C’est en Suisse, où je suis arrivée à 9 ans, que j’ai réalisé combien on pouvait prendre l’humain en compte. En particulier au Collège du Léman, d’où j’aurais dû être exclue. Mais le propriétaire de l’époque a décidé de me garder. Il a été présent, a pris soin de moi, par du temps, de l’écoute. J’ai appris avec lui qu’on peut modifier les procédures en fonction des personnes, et non l’inverse. Et qu’il faut toujours s’adapter à chaque être humain.»
Informaticien, Julien Neukomm, 36 ans, s’est reconverti dans l’animation jeunesse et la garde d’enfants. Aujourd’hui catéchète professionnel, il apprécie les contacts qui se nouent au fil des ans.
«C’est en réalisant un site internet pour des camps de vacances que j’ai commencé à m’intéresser aux activités jeunesse. Après un stage en école continue, je me suis lancé dans une formation de catéchète pour l’Eglise. Parallèlement, je gardais des enfants dans des familles qui souhaitaient que leurs enfants ne soient pas en structures d’accueil toute la semaine. Cela m’a permis de créer des liens souvent très forts, de leur transmettre certaines notions et surtout d’être à leur écoute. Il arrive fréquemment que des enfants ne trouvent pas d’espace où ils puissent faire part de leurs craintes et de leurs émotions, ce qui est fondamental pour leur épanouissement. Cette approche, je l’ai également dans ma fonction de catéchète où j’accompagne des jeunes durant plusieurs années.»