Rita Famos «La diversité est notre richesse»

© EERS/Nadja Rauscher
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© EERS/Nadja Rauscher

Rita Famos «La diversité est notre richesse»

Avenir
Le 2 novembre, la pasteure zurichoise d’origine bernoise a été nommée présidente de l’Église réformée suisse.

Elue, début novembre, présidente du Conseil de l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS), Rita Famos devient la première femme à occuper cette fonction, dont les prérogatives ont été renforcées avec l’entrée en vigueur et le changement de nom de l’ancienne Fédération des Églises protestantes de Suisse au 1er janvier dernier. Un point qu’elle conteste, toutefois: «Représenter l’Église était déjà une tâche de la présidence», insiste-t-elle. Elle promet, dans tous les cas, de se mettre à l’écoute des différentes voix qui peuvent se faire entendre dans l’institution, et de jouer de la collégialité avec ses collègues de l’exécutif. «Sur certains dossiers, je pense qu’il serait mieux que d’autres membres du Conseil, ceux qui portent les dossiers, s’expriment.» Elle a toutefois à coeur de représenter une Église moderne, « une Église qui bouge, une Église active, une Église ouverte à toutes et à tous. C’est très important pour moi ».

Ouverte aux minorités

Active au sein de l’institution depuis plusieurs années, Rita Famos s’était portée candidate à la présidence une première fois, en 2018. «Plusieurs personnes m’avaient alors témoigné leur confiance. Elles m’ont incitée à me présenter à nouveau cette année», explique-t-elle. C’est, d’ailleurs, probablement le fait d’être déjà bien connue des membres du Synode national qui a incité la majorité à préférer la Zurichoise d’adoption à sa concurrente romande, la théologienne Isabelle Graesslé, actuellement pasteure au sein de l’Église réformée vaudoise. Rita Famos promet, toutefois, de ne pas oublier pour autant les minorités linguistiques: «Le nom ‹Famos› est d’origine romanche. C’est le nom de ma belle-famille. Grâce à eux, j’ai pu prendre conscience de ce que signifie faire partie d’une minorité linguistique», explique-t-elle, avant de rappeler que la représentation des différentes régions suisses est garantie par la composition du Conseil de l’EERS.

Avec les réseaux sociaux, on devient vite irrités. Je pense que l’Église devrait réapprendre le débat.

«Cette diversité est une richesse. Je m’intéresse beaucoup à ce qui se passe dans les différentes Eglises de Suisse. Nous avons tous à nous enrichir des expériences menées par les Eglises sœurs. En Romandie, en particulier, je m’intéresse beaucoup à ce qui se vit à Genève avec les ministères pionniers ou le LAB, ou dans le canton de Vaud avec les réflexions menées autour des aumôneries en hôpital.»

Place à la diversité

«En allemand, on dit que l’Église a un toit large. Cela traduit l’idée que des personnes différentes, avec des opinions différentes, peuvent être en même temps à l’intérieur», explique Rita Famos. «Pour moi, cette diversité est notre richesse. Je compte donc me mettre à l’écoute du Conseil, de la base, pour savoir quels projets peuvent avancer et, en fonction de l’actualité, lesquels mettre en route.» Se mettre à l’écoute de la multitude des opinions, n’est-ce pas risquer un certain immobilisme? «La juste place de l’Église, c’est d’être proche de Dieu et d’être proche des gens. Quand on est proche des gens, on peut prendre conscience de problèmes structurels dans les institutions, dans la société. Et là, il est normal que l’Église agisse. Après, nous avons également besoin d’experts pour trouver des solutions.» Pas question, en tout cas, de laisser la présidente décider seule des directions stratégiques ou d’imposer son opinion. Face à cette richesse, il est donc important de redonner le goût du débat au sein de l’Église. «Vivre en communion ne signifie pas toujours être d’accord. J’ai l’impression que les débats d’opinion deviennent très vite émotionnels. Avec les réseaux sociaux, on devient vite irrité. Je pense que l’Église devrait réapprendre le débat. L’Église pourrait être un modèle pour cela. En tant que réformés, nous savons que l’un des défis qui nous est posé est d’interpréter la Bible, de savoir trouver le coeur du message. Nous devons être capables de le faire et reconnaître que nous ne pouvons jamais être sûrs de détenir la vérité. C’est aussi cela, le semper reformanda, ‹se reformer toujours› de la Réforme.»

Bio express

Née en 1966 à Zweisimmen (BE), mariée, mère de deux enfants adultes. 

1993, consécration pastorale par l’Église réformée bernoise.

2009 – 2011, présentatrice de l’émission religieuse de la télévision alémanique Wort zum Sonntag. 

Depuis 2013, directrice du service de l’accompagnement spirituel spécialisé de l’Eglise réformée de Zurich.

«Noël quand même» «Noël, c’est un défi pour nous. Nous sommes une Église qui célèbre ensemble. C’est important de vivre cette communauté. Mais cette année, la pandémie nous empêche de nous retrouver », explique Rita Famos. Elle a lancé l’opération «Noël quand même» une série d’actions à vivre durant l’avent sur trois axes: liturgie, témoignage et solidarité. C’est ainsi que sur www.evref.ch chacun est invité à participer à des méditations, à un geste symbolique: écrire sur les fenêtres le nom de personnes touchées par la crise sanitaire et à participer à une collecte de Noël. Davantage d’informations sous www.evref.ch.