C'est quoi ces bêtes là?
Dans nos dépêches, les mots protestants, réformés et évangéliques reviennent régulièrement. Mais que veulent-ils dire?
Évangéliques et réformés: un rapport au Texte différent
Si évangélique a longtemps été synonyme de protestant, par exemple dans le nom de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud, ce mot a aujourd’hui perdu ce sens et tend plutôt à désigner toute une frange d’Églises se revendiquant de la réforme, mais qui sont influencée par une théologie qui a vu le jour au début du XXe siècle aux États-Unis. Le mot regroupe toute une série d’Églises parfois très différentes les unes des autres qui se reconnaissent dans un certain nombre de valeurs, dont la nécessité d’une conversion individuelle, et un rapport au texte plus littéraliste. La Bible est la parole de Dieu donnée pour nous.
Les réformés insistent un peu moins sur la conversion personnelle, et surtout considèrent que la Bible a été écrite par des humains qui s’adressaient à un lectorat de leur époque. Il faut donc remettre les textes dans leur contexte pour s’approcher le plus honnêtement possible du message.
Dans les faits, les évangéliques ont souvent des formes plus modernes (louange avec des groupes de musiques), mais une doctrine très conservatrice notamment sur les questions sexuelles (rejet de l’homosexualité, par exemple). Les réformés ont souvent des formes plus intello et austères, mais des doctrines plus inclusives. Il ne faut pas imaginer une limite nette entre réformés et évangéliques, beaucoup de croyants se trouvant sur un gradient entre les deux.
Protestant: un terme ambigu
Quant au terme de protestant, il serait utilisé depuis 1529, d’abord comme un quolibet. Le mot a ensuite désigné l’ensemble des Églises issues de la Réforme. Dans cette acception, évangéliques et réformés sont tous protestants.
Sur le terrain, nous constatons qu’aujourd’hui le mot n’est plus compris comme cela par nombre d’évangéliques qui en font un synonyme de «réformé». C’est, par exemple le cas du groupe œcuménique d’Echallens, qui s’appelle le CEP (catholiques, protestants, évangéliques). Par contre, pour la plupart des réformés, le mot continue de regrouper l’ensemble des Églises issues de la Réforme. Il faut donc clarifier ce point avec votre interlocuteur s’il utilise le mot «protestant» lors d’une interview.
Au moment où nous rédigeons ces lignes (mars 2019), l’encyclopédie participative Wikipédia illustre cette ambivalence: l’entrée «protestantisme» précise que ce terme regroupe les évangéliques, alors que les premières lignes de l’entrée «cinq solas» expliquent que ces formules «forment les cinq piliers du protestantisme et du christianisme évangélique en matière de sotériologie», une formule qui de toute évidence nie toute inclusion de l’un dans l’autre.
Voici quelques articles tirés de nos archives qui pourraient vous aider à approfondir votre réflexion.