Comment parler de Dieu aux 15-20 ans
7 avril 2000
Spécialiste du dialogue interreligieux, Shafique Keshavjee relève le défi avec son dernier livre « Dieu à l’usage de mes fils
" Un ouvrage de référence pour les parents qui souhaitent transmettre ce qu'ils croient. Mais ne savent pas comment le dire."Pour écrire ce livre, j’ai fait appel à mes expériences de père. Mon fils aîné vient d’avoir quinze ans, " précise Shafique Keshavjee, qui, après avoir écrit il y a deux ans une fable sur la rencontre des grandes religions ( "le Roi, le Sage et le Bouffon"), change de registre pour transmettre son expérience de croyant aux adolescents et aux jeunes adultes. En préambule, le théologien avertit le lecteur : « Vous avez sous les yeux le mot le plus ennuyeux et le plus dangereux de l’univers : "Dieu ». Le ton est donné pour la suite de ces deux cents pages où alternent humour, poésie et paroles fortes.
Le pari est de taille : capter l’attention et oser un discours sur Dieu alors que le culte des loisirs domine. "Je propose un Dieu hors d’usage, pour casser l’idée d’un Dieu à notre usage, au même titre que la télévision ou les jeux video", lance le théologien, "car Dieu résiste à l’usure".
Résiste-t-il pour autant à la confrontation avec les philosophies du doute ou avec les sciences ? C’est là que l’auteur, originaire de l’Inde, propose son cheminement personnel, sa propre découverte de la foi, un parcours étonnant, qui passe notamment par les plages de Goa dans les années septante. Shafique Keshavjee a appris à écouter, son approche croyante se distancie de la réflexion purement rationnelle. Il y a de l’émotion dans ce livre, et une attention constante au bien-être.
§Le yoga du cœur"J’ai fait du yoga avant de devenir chrétien, ensuite j’ai conjugué ces différents affluents," reconnaît Shafique Keshavjee, en insistant sur l’importance du souffle et de la respiration dans la relation à Dieu. "Je propose aux jeunes de découvrir une pratique, un yoga du cœur en quelque sorte, un lieu de mûrissement, et cet axe, c’est la prière. Une forme de respiration, où l’on apaise le corps et où l’on s’ouvre au mystère du souffle divin." Des propositions que certains prendront pour des recettes, pourtant l’auteur se défend de livrer des solutions qui marchent à tout prix. D’ailleurs son livre se termine en forme d’invite à …un long apprentissage !
§Pas besoin d’un ailleursOn regrettera cependant que Shafique Keshavjee, homme du dialogue entre les grands courants religieux, fin connaisseur du bouddhisme, de l’hindouisme, de l’islam et du judaïsme, fasse l’impasse sur la délicate question des dérives sectaires. Ce petit livre à l’usage des jeunes trouvera certainement des lecteurs confrontés à beaucoup d’interrogations, en manque de références pour échapper aux dangers des manipulations et dépendances spirituelles.
Reste que Shafique Keshavjee pose çà et là quelques touches. À ses yeux, l’expérience de Dieu s’inscrit dans le cadre privilégié de la famille élargie, au sens des relations quotidiennes avec d’autres, groupes d’amis, communauté, couple. "Pour expérimenter Dieu, il n’y a pas besoin d’un ailleurs ni d’une rupture," plaide l’auteur, attentif à valoriser le quotidien plutôt que l’exceptionnel, l’enracinement plutôt que l’exotisme. Ces fils et filles auxquels il s’adresse sont appelés à résister et à faire confiance, à trouver l’articulation entre le Non et le Oui. "Souvent comme parent, on fait l’expérience du peu de poids de notre Non face à l’adolescent, mais j’ai compris que c’est quand notre fils/fille peut dire Non, qu’il/elle peut dire Oui." En définitive, Shafique Keshavjee signe là un livre autant à l’usage des jeunes que des adultes avertis. (3784 signes) Shafique Keshavjee, Dieu à l’usage de mes fils. Edition Seuil.
Le pari est de taille : capter l’attention et oser un discours sur Dieu alors que le culte des loisirs domine. "Je propose un Dieu hors d’usage, pour casser l’idée d’un Dieu à notre usage, au même titre que la télévision ou les jeux video", lance le théologien, "car Dieu résiste à l’usure".
Résiste-t-il pour autant à la confrontation avec les philosophies du doute ou avec les sciences ? C’est là que l’auteur, originaire de l’Inde, propose son cheminement personnel, sa propre découverte de la foi, un parcours étonnant, qui passe notamment par les plages de Goa dans les années septante. Shafique Keshavjee a appris à écouter, son approche croyante se distancie de la réflexion purement rationnelle. Il y a de l’émotion dans ce livre, et une attention constante au bien-être.
§Le yoga du cœur"J’ai fait du yoga avant de devenir chrétien, ensuite j’ai conjugué ces différents affluents," reconnaît Shafique Keshavjee, en insistant sur l’importance du souffle et de la respiration dans la relation à Dieu. "Je propose aux jeunes de découvrir une pratique, un yoga du cœur en quelque sorte, un lieu de mûrissement, et cet axe, c’est la prière. Une forme de respiration, où l’on apaise le corps et où l’on s’ouvre au mystère du souffle divin." Des propositions que certains prendront pour des recettes, pourtant l’auteur se défend de livrer des solutions qui marchent à tout prix. D’ailleurs son livre se termine en forme d’invite à …un long apprentissage !
§Pas besoin d’un ailleursOn regrettera cependant que Shafique Keshavjee, homme du dialogue entre les grands courants religieux, fin connaisseur du bouddhisme, de l’hindouisme, de l’islam et du judaïsme, fasse l’impasse sur la délicate question des dérives sectaires. Ce petit livre à l’usage des jeunes trouvera certainement des lecteurs confrontés à beaucoup d’interrogations, en manque de références pour échapper aux dangers des manipulations et dépendances spirituelles.
Reste que Shafique Keshavjee pose çà et là quelques touches. À ses yeux, l’expérience de Dieu s’inscrit dans le cadre privilégié de la famille élargie, au sens des relations quotidiennes avec d’autres, groupes d’amis, communauté, couple. "Pour expérimenter Dieu, il n’y a pas besoin d’un ailleurs ni d’une rupture," plaide l’auteur, attentif à valoriser le quotidien plutôt que l’exceptionnel, l’enracinement plutôt que l’exotisme. Ces fils et filles auxquels il s’adresse sont appelés à résister et à faire confiance, à trouver l’articulation entre le Non et le Oui. "Souvent comme parent, on fait l’expérience du peu de poids de notre Non face à l’adolescent, mais j’ai compris que c’est quand notre fils/fille peut dire Non, qu’il/elle peut dire Oui." En définitive, Shafique Keshavjee signe là un livre autant à l’usage des jeunes que des adultes avertis. (3784 signes) Shafique Keshavjee, Dieu à l’usage de mes fils. Edition Seuil.