Des ministres «particulièrement exposés au burn-out»
Comment se portent les collaborateurs de l’Église évangélique réformée du canton de Neuchâtel (EREN) ? Telle est la question à laquelle devrait répondre dans le détail le projet Job Stress Analysis, mis en route par le Conseil synodal neuchâtelois et sa direction des Ressources humaines.
Si l’appel à ce sondage conçu par Promotion Santé Suisse s’inscrit pleinement dans la continuité du programme de législature 2016-2020 de l’EREN, Christian Miaz, président du Conseil synodal, évoque «l’apparition d’une certaine fragilité» au sein de ses collaborateurs. La raison lui apparaît d’ailleurs des plus évidente: «Cela fait des années qu’on fait des diminutions de postes», explique-t-il. «Et quand il y a une diminution des postes, ça impacte forcément ceux qui restent sur le terrain. Le service des remplacements a d’ailleurs explosé.»
A bout de souffle
Au sondage de base, le Conseil synodal a d’ailleurs demandé à ce que soient rajoutés deux modules spécifiques, soit ceux relatifs au risque de burn-out et à l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Des problématiques propres au ministère? «En ce qui concerne le burn-out, la diminution des équipes ministérielles, le travail en flux tendu, y compris pour les responsables, ainsi que les statistiques d’absences de longues durée de ces dernières années montrent que les employés de l’EREN sont particulièrement exposés à ce risque», relève Christine Cand Barbezat, responsable des Ressources humaines. Et d’ajouter: «Cela sans compter que les métiers de la relation d’aide ou de la relation tout court sont particulièrement exposés au burn-out.»
Quant à la différenciation entre vie privée et vie professionnelle, «c’est une problématique qui règne depuis très longtemps dans notre Église», note Christian Miaz. «Longtemps, il était entendu que le pasteur se devait d’être disponible 24h sur 24. Maintenant, on doit permettre à ce qu’il y ait une séparation plus claire.» Ce qui était possible auparavant ne l’est simplement plus, déclare le président: «Lorsque nous étions nombreux, on pouvait s’entraider les uns les autres, se relayer. Mais plus l’on restreint les effectifs, et plus le poids se reporte sur les mêmes personnes.» Et d’en conclure que «l’organisation doit alors être pensée de manière différente».
Les deniers en question
Cette situation serait-elle spécifique à l’Église neuchâteloise? «Au niveau des finances, on partage les mêmes difficultés que l’Église genevoise», rappelle Christian Miaz. «Comme on est séparé de l’État et que la contribution ecclésiastique est purement volontaire, on est plus fragile de ce côté que dans les autres Églises réformées.» Le conseiller synodal tient cependant à souligner: «Cela ne veut évidemment pas dire qu’elles ne rencontrent pas les mêmes problèmes, mais chez nous, c’est fortement lié à la gestion des rentrées, qu’on ne peut pas prévoir de manière précise.»
Évidemment, sur ce point, le sondage ne saurait faire des miracles. «Cet outil nous permettra d’analyser avec plus de détails ce qui n’est qu’à l’état d’impressions», exprime Christian Miaz. «Nous aurons alors une base plus factuelle et objective pour nous permettre de mieux cibler nos actions.» Christine Cand Barbezat l’indique également: «Le sondage est une première étape de la gestion de la santé en entreprise: elle sera suivie par des mesures répondant aux résultats de l’enquête: le Conseil synodal s’y est engagé.» «En tant qu’employeur, il est de notre responsabilité de veiller à diminuer la pression ou le stress de nos collaborateurs», conclut Christian Miaz. «On ne peut pas laisser aller les choses comme ça… »