Laisser travailler la vie… - Printemps actif 5 : L’économie peut adopter Pâques
Si vous avez eu des vacances de Pâques, peut-être n’avez-vous néanmoins pas manqué la bonne nouvelle de Pâques, mais vous aurez assez très probablement manqué l’annonce d’une publication des principales banques centrales du monde le mercredi avant Pâques !
Elles ont annoncé un projet visant carrément à faire «verdir le système financier» au bénéfice du climat. La veille déjà, l’éditorialiste économiste de notre quotidien lausannois 24Heures en concluait : «Ce qui n’est pas durable n’est plus accepté… C’est un tournant. L’investissement ne peut plus être agnostique.» (Pierre Veya, mardi 16 avril).
Si même la finance se met à croire, à sortir de sa neutralité, l’économie ira sur une bonne voie, plus créatrice que continuatrice. Car il y a effectivement une parole de confiance et de foi à recevoir non pas seulement pour les réalités spirituelles, mais pour tout ce qui nous oriente vers l’avenir, à commencer par les investissements financiers. L’économie ne doit pas seulement déclarer, mais manifester en pratique qu’elle prend au sérieux le climat, la vie du monde, la qualité des relations humaines. Est-elle bien «au service de l’humain», comme elle le prétend souvent ?
Notre maître et réparateur Jésus, avec ses interventions publiques, a fini crucifié juste avant Pâques. Mais une parole est restée de lui qu’il a dite lors de son procès : «Vous allez voir l’Humain en position de bras droit du Puissant !» (Matth.26,64). Un fils d’homme, en français, c’est un Humain, une Personne : le devenir du monde ne se fera pas sans elle, sans lui. Il l’a dit, il faut le redire, ouvrir cet avenir : fini l’agnosticisme !
Le Puissant, force créatrice, s’adjoint l’Humain, force organisatrice : c’est cela que vous allez voir, dit Jésus. Cessons donc de pactiser en paroles et en pratiques avec l’Inhumain, avec le silence de la mort, avec la condamnation de Jésus : faisons plutôt progresser les réseaux – même financiers ! – qui coopèrent pour croire à un devenir différent, autre que le présent, et à des investissements qui accroissent le respect du monde et des gens. C’est de cela que Pâques peut parler à l’économie, et elle pourra se l’approprier.
Depuis le temps que s’expriment et se répandent les appels à humaniser les conditions du travail… Voilà l’heure où l’Humain va servir de bras droit aux forces créatrices : Pâques a proclamé non seulement une résurrection du Crucifié, mais une réorganisation du monde sous sa conduite. Colorer les investissements du vert de la nature et du rouge de la justice, c’est adopter la prédominance de l’Humain. Jésus est venu faire surgir cela.
Au lendemain de Pâques, on célèbre donc le jour des travailleurs, le 1er mai des investisseurs attentifs au monde, dont ils préparent les lendemains. Chanteront-ils ?