Vacances solidaires à l'étranger:De jeunes Romands mouillent leur chemise

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Vacances solidaires à l'étranger:De jeunes Romands mouillent leur chemise

22 juin 2000
Ils ont entre 16 et 22 ans, ils pourraient passer leur été sur la plage ou à surfer
Ils préfèrent travailler sur des chantiers en Afrique ou à Madagascar. Cet été, plusieurs groupes de jeunes voyagent "utile". Leurs voyages s'intitulent "Bénin 2000","Chantier Cameroun", "Madagasicara", "Passagers du souffle" Autant d'aventures nord-sud, de contacts avec d'autres communautés. Une façon de se confronter aux réalités décapantes des pays en voie de développement pour des dizaines d'ados habitués au confort bien helvétique. Enquête juste avant l'heure du départ."C'est cool d'aller construire une Eglise" affirme tout de go Vincent, 16 ans, futur apprenti automaticien, "avec mes copains, je me réjouis de voir comment on va se débrouiller en Afrique!" Dans quelques semaines, Vincent et un groupe de jeunes de Vufflens et Penthalaz seront à Agoua, au fin fond de la brousse, à 270 kilomètres de Cotonou, la capitale du Bénin. Le but de ce voyage, projeté depuis plus d'une année, a de quoi surprendre: financer l'achat de matériaux de construction et s'en aller travailler sur le chantier d'une nouvelle église qui remplacera celle trop vétuste et trop petite pour les paroissiens d'Agoua. La douzaine de jeunes sera logée dans un centre et partagera son quotidien avec des jeunes béninois : dialogue, chants et danses. Bref, un voyage qui n'a rien à voir avec du tourisme ordinaire. "On veut dépasser cette fausse idée que l'on se fait de l'Afrique: ce mélange d'Indiana Jones et de misère" reconnaît Etienne Roulet, pasteur et ancien envoyé du DM-Echange et Mission. Pour ce dernier, la préparation d'un tel voyage est riche de changements. "La première chose que les jeunes comprennent, c'est qu'ils laisseront leur Natel à la maison, car en brousse, le seul téléphone qui fonctionne se trouvera à une quarantaine de kilomètres de notre lieu de séjour, un village sans électricité ni eau courante."

§Le rêve et les émotions fortesPourquoi cette envie de voyager autrement? Il y a d'abord la part de rêve que représente ce genre de projet. "On s'est mis à rêver d'un voyage à Tahiti" raconte Fabrice Demarle, coordinateur du groupe neuchâtelois qui part mi-juillet en Polynésie française. Au départ, notre groupe s'appelait les Rêveurs, puis au fur et à mesure que le voyage s'est précisé, notre équipe a trouvé un nouveau nom: "les Passagers du Souffle". Les dix-sept participants s'envoleront avec un cor des Alpes et une comédie dans leurs bagages, dans le but de faire une tournée de trois semaines, à la rencontrer d'autres jeunes des paroisses protestantes à Tahiti. Et puis il y a l'envie de faire le plein d'émotions fortes, comme le confirme Madeleine. L'étudiante de 22 ans en est à sa deuxième expérience de chantier: "L'Afrique, c'est un virus, 'ai envie d'y retourner car ce type de voyage m'offre des moments tellement forts, là-bas je retourne à l'essentiel."

Chercher des appuis financiers

Avec un budget qui atteint vite plusieurs dizaines de milliers de francs, - les billets d'avion pour de telles destinations n'étant pas des plus avantageux-, les groupes de jeunes doivent trouver des solutions pour s'autofinancer. Concerts, spectacles, ventes de T-shirt, confection de buffets exotiques, course sponsorisée : les idées ne manquent pas. "Ces actions permettent de financer un tiers de notre budget qui s'élève à 55 mille francs", explique Bernard Russier, pasteur à Oron-la-Ville où treize ados se préparent à faire le voyage sur un chantier à Madagascar. "Le reste est assuré par les participants et par le soutien financier d'organismes, tel le DM-Echange et Mission, ou par des dons."

Dix jours avant le grand départ, l'impatience est perceptible. Les jeunes vont enfin concrétiser leur projet, et on est bien loin d'une improvisation style "last minute".