Le New Age est en crise, l'utopie privée du Next Age débarque

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Le New Age est en crise, l'utopie privée du Next Age débarque

19 juillet 2000
Le New Age, qui annonçait un monde meilleur pour tous, se meurt mais la relève est déjà assurée avec l'apparition en Europe du Next Age qui prône le bonheur individuel assure le professeur Massimo Introvigne, cofondateur du Centre pour l'étude des nouvelles religions (CESNUR)
Il vient d'animer un atelier sur le sujet à l'Institut oecuménique de Bossey près de Genève. Né en Californie dans les années soixante, le mouvement New Age qui annonçait un monde meilleur avec la venue de l'ère du Verseau, bat de l'aile. Il avait lancé l'écologie, mis le bouddhisme tibétain à la mode et proposé toute une panoplie de spiritualités alternatives, de médecines parallèles et de techniques de ressourcement pour atteindre au bien-être individuel et collectif. Le filon semble tari, après avoir fait la fortune de gourous, d'éditeurs, d'écrivains et de marchands de cristaux et autre bazar New Age, estime le professeur Massimo Introvigne, grand connaisseur des religions et des sectes.

La commercialisation à outrance a achevé de pervertir le mouvement et de tuer l'utopie. L'âge d'or annoncé n'est pas venu, encore moins un monde pacifique et débarrassé des guerres. De même que n'ont pas eu lieu les catastrophes annoncées par les millénaristes. Babas cools et néo-babas n'ont plus la cote.

L'utopie privée prend la succession des rêves collectifs de bonheur pour tous et gagne du terrain avec une résurgence du mouvement, baptisé Next Age. Il nous vient d'Amérique et a déjà débarqué en Europe, en Italie notamment. Il prône la transformation personnelle, la perspective d'un individu meilleur, un âge d'or individuel. Il se sert dans le christianisme comme dans un supermarché pour se bricoler une spiritualité cosmique, puise dans le tantrisme, la théosophie, la méditation transcendantale.

Finie l'aspiration à un monde plus juste, dans cette nouvelle tendance, les pauvres sont largués, cela coûte de suivre des stages, des séminaires, de se payer l'attirail proposé.

Ce mouvement est apparu, estime Massimo Introvigne, pour continuer de faire vivre un fonds de commerce qui a eu un succès immense, mais aussi prendre en charge une demande et des besoins individuels au sujet de la santé, du bien-être personnel, des questions que se posent les gens sur le sens de leur travail, de leur vie. "Voyez le succès d'un Paulo Coelho et celui des mouvements charismatiques, qui ont bien compris les exigences des individus repliés sur eux-mêmes dans notre société contemporaine, et y répondent en prônant par exemple le jeûne selon l'Evangile."