Ancien aumônier des prisons, Patrice de Mestral aide les jeunes rapatriés albanais à se réintégrer professionnellement

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Ancien aumônier des prisons, Patrice de Mestral aide les jeunes rapatriés albanais à se réintégrer professionnellement

30 novembre 2000
Dès janvier 2001, la Confédération contribuera au financement du projet pilote de réintégration lancé par l'ancien aumônier des prisons Patrice de Mestral à l'intention des jeunes Albanais rapatriés de force
Une façon de reconnaître le travail sur le terrain du pasteur zurichois qui a cherché des moyens concrets d'éviter aux jeunes refoulés le chômage, mais aussi de les dissuader de revenir dans "l'Eldorado suisse" par des filières clandestines et des trafics illicites. Sur place, les candidats à un apprentissage subventionné se bousculent.C'est à un petit coup de pouce du destin que l'on doit la décision de la Confédération de prendre en charge une partie du financement du projet de réinsertion des jeunes Albanais rapatriés de force mis sur pied il y a deux ans par Patrice de Mestral, ancien aumônier des prisons. Le pasteur zurichois a rencontré dans le hall de d'un hôtel de Tirana la conseillère fédérale Ruth Metzler qui venait se rendre compte de la réalité albanaise sur le terrain. La télévision alémanique était présente. L'ancien aumônier s'empressa d'aborder la cheffe du Département fédéral de justice et police pour lui parler de son travail dans la capitale albanaise. Un journaliste de la Neue Zurcher Zeitung rédigea un article pour présenter à son tour le projet pilote du pasteur dans les colonnes de son quotidien. Les autorités fédérales ne pouvaient plus ignorer cette entreprise privée de réinsertion. Quelques jours plus tard, l'Office fédéral des réfugiés contacta Patrice de Mestral pour lui faire part de son intention de reprendre le projet pilote de réintégration à son compte et de le financer en partie. L'offre fut acceptée.

§Désastre annoncéInquiet au sujet des Albanais refoulés dans un pays en plein marasme économique , l'ancien aumônier à la retraite entreprit de mener une enquête auprès des refoulés de Suisse dans la baraque de l'immigration à l'aéroport de Tirana. Et découvrit qu'une majorité des rapatriés de Suisse, - 1613 rapatriés rien que pour 1999, plus de 1200 à ce jour pour 2000 - se disaient déterminés à émigrer une nouvelle fois; seuls 26% des sondés comptaient rester en Albanie. Devant ce désastre annoncé et face au chômage préoccupant du pays, le pasteur a imaginé, avec l'aide dune travailleuse sociale suisse établie à Tirana, Franziska Camenzind, de mettre sur pied un centre d'accueil pour les refoulés de notre pays.

§Soutien de l'EPER Le centre vit le jour le 1er mai 1999 dans un immeuble modeste et déglingué de Tirana mais ne démarra véritablement que quand Patrice de Mestral réussit à réunir des fonds privés et des subventions de l'Entraide protestante suisse (EPER) - pour financer (à 60%) les postes d'apprentissage pour une durée de 9 mois.

Des dépliants proposant aux rapatriés les services du centre de réinsertion furent distribués dans tous les pénitenciers suisses mais aussi dans les cafés de la capitale albanaise. Des petits patrons, peintres en bâtiment, menuisiers, serruriers, installateurs, électriciens, mécaniciens sur autos, furent tentés par la prise en charge financière partielle des salaires des apprentis qu'ils pourraient engager (soit 1200 francs pour la durée de l'apprentissage) et se risquèrent à engager des jeunes rentrés au pays.

§121 jeunes en apprentissage en un an Après une année, le centre d'accueil a réussi à placer 121 jeunes en apprentissage. Actuellement,une première volée de 40 apprentis a terminé sa formation. 30 d'entre eux ont pu rester chez leur employeur, cinq autres ont créé leur propre petite menuiserie soutenue financièrement par le pasteur. Seuls cinq apprentis ont été licenciés. Devant ce succès, la télévision albanaise a réalisé un reportage sur ces jeunes travailleurs.

A 67 ans, le bouillant retraité se démène avec enthousiasme pour que son projet contribue à redonner aux jeunes renvoyés dans leur pays une identité albanaise qu'ils ont perdue, bien indispensable pour pouvoir se construire un avenir et avoir des raisons de rester au pays.