La comédienne romande Laurence Montandon-Rochaix crée une Nativité avec des sans-abris à Madagascar

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La comédienne romande Laurence Montandon-Rochaix crée une Nativité avec des sans-abris à Madagascar

18 décembre 2000
Laurence Montandon-Rochaix, la femme du metteur en scène François Rochaix, rentre d’un séjour dans la capitale malgache où elle a animé des ateliers d’expression théâtrale avec les gens de la rue
Moments forts pour la comédienne, déterminée à vivre les formes les plus extrêmes de l’échange, ou comment faire du théâtre à partir de rien. « A 59 ans, j’arrive à un âge où l’on a envie de transmettre, et le tourisme commence à me fatigue». Mais ne faites pas de Laurence Montandon-Rochaix une sorte de Mère Thérésa du théâtre, elle s’en défend : « je ne suis pas partie à Madagascar par dévouement humanitaire, mais parce que cela m’intéressait de vivre une telle aventure dans ce que je nomme le 5e monde". Forte d’une expérience de scène de près de 25 ans, la comédienne romande avait déjà eu des contacts ponctuels avec des immigrés dans le cadre d’ateliers qu’elle avait animés à l’Unipop à Genève.

Arrivant à Antananarivo il y a un mois, Laurence Montandon-Rochaix fait la connaissance d’Helivao Ramavoarimanga, une femme pasteure, directrice d’un centre d’accueil pour les sans abris et les enfants de la rue. C’est devenu son port d’attache, elle prend part à la vie communautaire du centre, bientôt la voici en train d’organiser un spectacle avec les 180 pensionnaires, des adolescentes de 13 à 17 ans. En compagnie d’une éducatrice qui parle malgache, Laurence Montandon-Rochaix mène les répétitions du spectacle destiné aux familles des rues : une Nativité, vue sous l’angle de l’exil, dans un théâtre en plein air de cinq mille places. « Il faut être professionnel pour se lancer là-dedans, pour savoir créer à partir de rien, quand il n’y a pas d’éclairagistes, pas de décors. Mais j’admire la discipline des jeunes Malgaches, leur plaisir du jeu, du chant. Mes compétences ont permis de les stimuler. »

§Impros théâtrales avec des enfants de la rueDeux fois par semaine, Laurence Montandon-Rochaix se rend dans les quartiers des bidonvilles de Tana. Elle y voit des familles avec des nouveau-nés vivre à même le sol, des enfants en haillons portant des bébés de deux ans, des prostituées, des travestis, la misère lui saute à la figure. C’est pour eux que l’équipe du centre ouvre les locaux d’une église, le temps d’une soirée, d’un plat de riz, mais surtout d’une rencontre, d’un moment d’accueil, de chant, d’entretien avec les plus démunis. Laurence Montandon-Rochaix se charge d’animer des impros théâtrales à cette occasion. « Ceux que j’avais croisés dans la rue, je les retrouvais là : des enfants mendiants, un peu voyous, très beaux. Avec eux, les moments d’expression théâtrale, tirés des exercices d’acteurs proposés par Augusto Boal dans son théâtre de l’opprimé, fonctionnent très bien. » Entourée de quelque soixante enfants, de 2 à 17 ans, la comédienne les fait monter sur une petite scène. «C’est extrêmement valorisant pour eux, car là tout le monde est soliste, l’espace d’un instant ».

Quand on lui demande comment elle a vécu le décalage imposé par son statut d’occidentale dans un pays en voie de développement, la comédienne avoue ne pas pouvoir faire le joint entre ces deux mondes. Elle ose cependant la comparaison à chaud : «Là-bas, c’est la lutte pour la survie, mais ici, c’est aussi la lutte, on se livre une compétition à mort, pour le diplôme, pour l’argent ! ».