Le christianisme en accusation:Le point de vue de l'historien René Rémond

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Le christianisme en accusation:Le point de vue de l'historien René Rémond

28 mai 2001
Le christianisme aurait-il fait son temps ? Son déclin est-il inéluctable ? Serait-il en train d’être éclipsé par le bouddhisme et le charisme fort médiatisé du Dalaï Lama ? A ces questions taraudantes et très actuelles, l’historien René Rémond tente d’apporter des réponses dans un petit bouquin « Le christianisme en accusation » qui vient de recevoir le Prix Aujourd’hui des journalistes
Notes de lecture. "Le christianisme en accusation" n'est ni un réquisitoire ni une réponse en forme de pamphlet. Il s’agit en fait d’un entretien que l’écrivain français a eu avec Marc Leboucher, directeur littéraire chez Desclée de Brouwer qui édite l’ouvrage.

Disons-le d’emblée : le dialogue entre l’écrivain et l’éditeur nous laisse sur notre faim. René Rémond reconnaît que le christianisme comme religion totalisante est mort et c’est tant mieux, et préfère parler de recomposition du fait religieux plutôt que de déclin irréversible du christianisme, qu’il estime en pleine métamorphose, selon des schémas imprévisibles. Il se contente d’évoquer le déplacement du centre de gravité du christianisme vers l’Europe de l’est, après des siècles de prépondérance occidentale et ne prend pas en compte la formidable explosion pentecôtiste en Amérique latine.

Il rappelle le rôle décisif joué par le christianisme dans l’avènement de la démocratie, réfute en trois phrases la modernité des protestants, constate la rupture dans la transmission du christianisme et l’effacement brutal de la culture religieuse depuis les années 60, qui laisse des vides que s’empressent de remplir des valeurs contemporaines actuellement fort prisées, comme l’appétit du lucre, la spéculation commerciale et l’individualisme à tout crin. Ses propos sont empreints de la nostalgie de l’âge d’or du catholicisme français qu’il situe dans les années 1910-1960.

Il défend bien mal l’accusé, qu’il voit comme un bouc émissaire, mais dont il semble avoir oublié les formidables capacités d’adaptation pour mieux renaître, dont témoignent 2000 ans d'histoire. "Si nous éludons la prochaine étape, écrit Christiane Singer dans son dernier best-seller ,"Où cours-tu? Ne sais-tu pas qe le ciel est en toi?", nous refusons de faire oeuvre d'humanité- c'est-à-dire de transformation". Le désenchantement spirituel actuel n'aurait-il pas épargné René Rémond ?

§René Rémond, Le christianisme en accusation, éd. Desclée de Brouwer, 2001, 156 pages.