Responsable des Unions chrétiennes de Palestine, Abla Basir témoigne:« Notre vie quotidienne est une lente agonie"
19 juin 2001
Comment travailler à la paix quand on se fait tirer dessus, qu’on vit bouclé dans les territoires palestiniens comme dans une grande prison, sous la menace de coupures d’eau, d’électricité, de pétrole, qui sont sous contrôle israélien, privés parfois de vivres, quand on n’a plus rien à perdre puisqu’on a déjà tout perdu ? De passage en Suisse à l’Institut œcuménique de Bossey près de Genève, Abla Nasir, secrétaire générale de la section palestinienne de L’Union chrétienne des jeunes femmes (IWCA-Palestine), organisation non gouvernementale engagée auprès des jeunes et des femmes, parle de son travail quotidien dans les camps et de la situation, qui s'est terriblement dégradée depuis la non application des accords d’Oslo
« Le bouclage des territoires occupés nous rend la vie impossible, explique Abla Nasir, les routes sont barrées par des postes de contrôle israéliens qui rendent les déplacements impossibles pour ceux qui n’ont pas le bon laisser-passer, ou très difficiles". Abla Nasir et ses collaborateurs doivent prendre des chemins détournés pour pouvoir visiter les camps de réfugiés et chaque déplacement est une véritable expédition ; aller de Jérusalem-Est, où se trouvent les bureaux de l’IWCA (Union chrétienne léminine) à un camp de réfugiés à Ramallah dure aujourd’hui deux heures, au lieu d’un quart d’heure.
« Nous espérions que l'application des accords d’Oslo amèneraient une amélioration de notre vie quotidienne, poursuit Abla Nasir. La résolution 242 des Nations Unies n’est absolument pas appliquée et la situation a encore empiré; même les ambulances ne peuvent pas passer aux postes de contrôle et les femmes enceintes doivent accoucher sur la route. Personne ne sait ce qui va arriver, nous vivons dans l'angoisse, l'impuissance et la colère. Notre vie est une lente agonie ».
§Doubles difficultés « Mon frère a été abattu ma maison ma maison détruite, ma sœur a été déportée. Pourquoi devrais-je tendre l’autre joue ? » De tels propos, Abla Nazir en entend souvent de la part des jeunes avec lesquels elle travaille dans les camps. "La violence de ceux qui n’ont plus rien à perdre répond à la violence qui nous est faite chaque jour ! » constate, amère, la responsable des Unions chrétiennes féminines de Palestine, qui ne ménage pas ses efforts pour mener à bien les programmes d’aide de l’IWCA : réinsertion sociale et professionnelle, suivi psychosocial des personnes traumatisées par la violence, organisation de jardins d’enfants. Elle privilégie l’aide aux femmes, dont elle sait mieux que personne qu’elles sont les piliers de la société, dont elle connaît la force, le courage, l’ingéniosité et la capacité de résistance. « Il faut les aider à acquérir leur autonomie en leur permettant d’apprendre un métier, de trouver du travail, en leur apprenant les fonctionnements de la démocratie. Car pour les femmes, les difficultés sont doubles : elles doivent lutter pour leur survie et celle de leur famille et elles doivent se battre pour faire reconnaître leurs droits.
« Les femmes palestiniennes sont fortes ! » constate avec fierté Abla Nasir. Mais d’où leur vient cette formidable énergie ? La réponse fuse : « Ca vient de l’intérieur, de leur croyance en la justice, l’espoir d’une vie meilleure pour leurs enfants, de leur volonté de résistance à l’occupation».
Plus question pour Abla Nasir, qui a trois enfants, de revenir sur la terre de ses pères ; cela, il a fallu y renoncer, comme à tant d'autres droits, mais elle veut, comme toutes les femmes palestiniennes, vivre là où elle se trouve, en territoire occupé, mais y vivre libre.
Quel est le chemin pour parvenir à la paix ? Pour cette chrétienne palestinienne engagée, il n’y en a qu’un : la fin de l’occupation. « La fin de cette violence-là seule pourra arrêter l’enchaînement de violences qu’elle a engendrées ».
« Nous espérions que l'application des accords d’Oslo amèneraient une amélioration de notre vie quotidienne, poursuit Abla Nasir. La résolution 242 des Nations Unies n’est absolument pas appliquée et la situation a encore empiré; même les ambulances ne peuvent pas passer aux postes de contrôle et les femmes enceintes doivent accoucher sur la route. Personne ne sait ce qui va arriver, nous vivons dans l'angoisse, l'impuissance et la colère. Notre vie est une lente agonie ».
§Doubles difficultés « Mon frère a été abattu ma maison ma maison détruite, ma sœur a été déportée. Pourquoi devrais-je tendre l’autre joue ? » De tels propos, Abla Nazir en entend souvent de la part des jeunes avec lesquels elle travaille dans les camps. "La violence de ceux qui n’ont plus rien à perdre répond à la violence qui nous est faite chaque jour ! » constate, amère, la responsable des Unions chrétiennes féminines de Palestine, qui ne ménage pas ses efforts pour mener à bien les programmes d’aide de l’IWCA : réinsertion sociale et professionnelle, suivi psychosocial des personnes traumatisées par la violence, organisation de jardins d’enfants. Elle privilégie l’aide aux femmes, dont elle sait mieux que personne qu’elles sont les piliers de la société, dont elle connaît la force, le courage, l’ingéniosité et la capacité de résistance. « Il faut les aider à acquérir leur autonomie en leur permettant d’apprendre un métier, de trouver du travail, en leur apprenant les fonctionnements de la démocratie. Car pour les femmes, les difficultés sont doubles : elles doivent lutter pour leur survie et celle de leur famille et elles doivent se battre pour faire reconnaître leurs droits.
« Les femmes palestiniennes sont fortes ! » constate avec fierté Abla Nasir. Mais d’où leur vient cette formidable énergie ? La réponse fuse : « Ca vient de l’intérieur, de leur croyance en la justice, l’espoir d’une vie meilleure pour leurs enfants, de leur volonté de résistance à l’occupation».
Plus question pour Abla Nasir, qui a trois enfants, de revenir sur la terre de ses pères ; cela, il a fallu y renoncer, comme à tant d'autres droits, mais elle veut, comme toutes les femmes palestiniennes, vivre là où elle se trouve, en territoire occupé, mais y vivre libre.
Quel est le chemin pour parvenir à la paix ? Pour cette chrétienne palestinienne engagée, il n’y en a qu’un : la fin de l’occupation. « La fin de cette violence-là seule pourra arrêter l’enchaînement de violences qu’elle a engendrées ».