Lèche-vitrine au monastère

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Lèche-vitrine au monastère

9 août 2001
Huiles médicinales, liqueurs ou bougies parfumées, la production artisanale des monastères et des couvents est généralement aussi confidentielle qu'appréciée
Elle constitue une ressource importante pour la plupart des congrégations. Pourtant, faisant fi de la demande existante et des principes de rentabilité, la fabrication des produits s'organise en fonction du nombre de bras disponibles, du rythme de la nature et de la créativité des membres de la communauté. Un indéniable parfum d'authenticité qui vaut toutes les appellations d'origine contrôlée. Sur l'un des présentoirs du magasin de l'abbaye cistercienne d'Hauterive*, un espace vide indique que l'huile destinée à soulager les rhumatismes est en rupture de stock: "Pour les huiles et les tisanes, nous n'utilisons que les herbes du jardin. Leur fabrication est liée aux cycles naturels, il faut attendre que cela pousse", explique Frère Michel, responsable du magasin. Il désigne deux petites sculptures en bois sur un autre rayon: "C'est tout ce qui nous reste, le frère qui les fabrique s'occupe du jardin durant l'été, il se consacre à la sculpture pendant l'hiver".

A Hauterive comme dans les autres communautés, il n'est pas question de perturber la vie des moines pour assurer une production régulière, même si la plupart des jos_content remportent un franc succès auprès des visiteurs. Le magasin constitue pourtant la principale source de revenu des moines. "Ici, on travaille pour Dieu, il n'y a pas de salariés, nous pouvons donc conserver la totalité des recettes, précise frère Michel. Cet argent nous permet d'assurer le quotidien, mais pour l'entretien et la restauration de l'abbaye, nous comptons sur les dons."

§La créativité avant la rentabilitéA Hauterive, on ne produit pas en fonction d'études de marché, mais de la créativité des frères et de l'écho rencontré chez les visiteurs. Outre les huiles médicinales, les tisanes et les sculptures, les moines fabriquent des biscuits et du pain. Un père peint des icônes et l'un des frères illustre des cartes avec des photos du monastère et des environs. Le magasin d'Hauterive sert également de point de vente aux produits d'autres communautés religieuses. "Nous vendons, par exemple, les liqueurs que préparent les sœurs des abbayes voisines de Montorge et de la Maigrauge, car notre magasin a l'avantage d'être assez visité", relève frère Michel.

Sur les rayonnages, on trouve des livres et un CD de chants interprétés par les frères du monastère. Des icônes, des médailles et quelques chapelets sont exposés en vitrine, importés de France. Néanmoins, l'agencement du magasin reste sobre. "Nous faisons en sorte que les jos_content exposés soient de qualité. On ne rend pas service aux gens en leur faisant acheter n'importe quoi", affirme frère Michel.

§Pas de quoi faire des foliesAu monastère de la Maigrauge à Fribourg, fondé en 1255 à deux pas de la Sarine, les religieuses cisterciennes ne se sont pas laissé impressionner par les bazars d’abbaye cossus qu’elles ont pu voir en France, notamment celui de l’abbaye de Notre Dame de Sénanque près de Gordes, qui regorge de souvenirs pour tenter le touriste. Sœur Emmanuelle rit de la modestie de leur boutique toute neuve. « Il faut dire qu’à Maigrauge, on ne vient pas par cars entiers visiter l’église du couvent. » Pour pouvoir accéder au tout petit magasin, il faut sonner à l’entrée principale, attendre dans un silence recueilli que quelqu’un vienne à pas de velours vous ouvrir l’échoppe. On y découvre quelques poupées tricotées, des cierges de baptême, des bougies ornées de fleurs séchées, la fameuse eau verte de Maigrauge aux vertus digestives, de l’eau de noix, des sablés, des croix taillées dans l’abricotier du cloître, mort l’an passé. Pas de quoi faire des folies ! La communauté, forte de dix-neuf moniales, s’est spécialisée dans la fabrication des hosties. C’est son gagne-pain.

A l’Abbaye Saint-Joseph de Montorge, qui surplombe l’Abbaye de Maigrauge et à laquelle on accède par un chemin sauvage et abrupt, pas de boutique mais une minuscule vitrine qui abrite quelques chapelets, à laquelle on n’accède qu’en agitant une cloche pour signaler sa présence. Les seize moniales capucines de la Communauté se sont spécialisées, comme leurs voisine de Maigrauge, dans la fabrication des hosties et en produisent 50'000 par semaine en période des fêtes. Activité qui constitue l'essentiel de leur revenu.

§Abbaye d'Hauterive,1725 Posieux (FR), magasin ouvert tous les samedis de 14 h à 17 h et les dimanches de 10 h 45 à 11 h 45 et de 14 h 45 à 17 h (sauf le premier dimanche du mois: fermé l'après-midi). Tél. 026/ 409’71’00.

Abbaye de la Maigrauge, 2, chemin de l’abbaye, 1700 Fribourg, tél. 026/322’91’50. Sonner à l’entrée du monastère.

Monastère Saint-Joseph de Montorge, chemin de Lorette 10, 1700 Fribourg , tél. 026/ 322’35’36. Sonner à l’entrée du monastère.