com a connu un démarrage fulgurant en septembre dernier. À mi-chemin de cette expérience, les promoteurs s’étonnent encore de son succès : 310 questions ont été traitées en moins de deux mois, c’est plus du double qui était prévu jusqu’à la fin de l’année. Les internautes semblent apprécier la liberté de ton de ce site interactif.Ce matin, François Reymondin s’apprête à répartir la quinzaine d’e-mails qui sont parvenus sur le site la veille. Questiondieu.com génère sans discontinuer les interrogations des internautes qui, une fois choisi leur pseudo, peuvent poser toutes les questions qui font problèmes : Dieu, la foi, les tensions entre les religions, les doutes, les révoltes. François Reymondin est, avec Jean-Michel Sordet, le promoteur de cette nouvelle offre de service de la part de l’Eglise protestante vaudoise. « En démarrant le projet, nous avons constaté que ce canton possède un nombre de théologiens supérieur à la moyenne. Or, leurs qualités sont trop méconnues du public. » D’où l’idée de constituer rapidement et sans difficulté un réseau de répondants, prêts à fournir dans les 48 heures des réponses sensées aux questions qui leur sont distribuées. François Reymondin et Jean-Michel Sordet ont ainsi trouvé une vingtaine de collègues intéressés à jouer le jeu durant quatre mois , de septembre à décembre, soit durant la phase test pour la viabilité du nouveau site. Aujourd’hui, au vu de son succès, questiondieu.com passera certainement le cap de l’année 2001-2002, L’Eglise vaudoise se réservant tout de même une évaluation sur le produit et son développement.

§Pas d’esthétismeCertes la home page de questiondieu.com n’a rien de folichon, volontairement dépouillée, elle ne s’embarrasse guère d’esthétisme au point d’en paraître très (trop) calviniste : sans image, sans luxe de couleurs débordantes ; par contre, le propos n’a rien à voir avec une quelconque langue de bois officielle. Chaque répondant est libre d’adopter le ton qu’il souhaite dans les dimensions données, soit pas plus de 1500 signes par réponse, rendue accessible à tous les internautes qui visitent le site. « C’est un mode de communication étonnant, avoue Hélène Küng, l’une des signataires, par écran interposé, je m’efforce de personnaliser mes réponses, de faire mon travail de théologienne tout en proposant une présence pastorale et en gardant le dialogue ouvert. » Et quand une question s’avère embarrassante, du style « est-il légal de considérer la Bible comme un texte sacré ? », la théologienne avoue qu’elle fait son possible pour ne pas adopter un style encyclopédique.

§Qui a dit censure ?L’actualité du mois de septembre a certes joué en faveur de ce nouveau site, faisant affluer les questions sur l’Islam, l’intégrisme, les attentats, le pardon. Martin Burkhard, répondant spécialisé dans le domaine de l’Islam, reconnaît cependant qu’elles ne diffèrent pas de celles qu’on lui pose habituellement, sauf peut-être une certaine recrudescence de craintes liées à la présence et à la pratique de l’Islam en Suisse. « Je tiens à désamorcer de telles craintes par des faits clairs. Actuellement, ce ne sont pas les 300 mille musulmans en Suisse qui vont déstabiliser ni envahir la société, précise le pasteur, je m’efforce de répondre en proposant une vision pondérée des choses, comme m’y incite mes nombreux contacts avec des musulmans d’ici. ». Surpris par l’affluence des questions et par leur pertinence, les promoteurs du site avouent n’avoir pas été confrontés à des provocations gratuites ni à des injures à l’égard de l’institution qu’ils représentent. François Reymondin a même répondu sur le ton de l’humour à un internaute qui s’interrogeait sur la barbe de Dieu le Père : « mes références bédéphiles m’ont aidé, surtout en pensant au capitaine Haddock ! ». Mais cela reste de l’ordre de l’exception. Sur questiondieu.com, la proximité joue à fond, à la fois par le ton et le style des réponses