Cure de lumière pour lutter contre la dépression automnale
22 novembre 2001
Fatigue, manque d’entrain, nous sommes nombreux à ressentir ces symptômes lorsque l’hiver approche
Simple déprime ou véritable dépression? Les explications du docteur Patrick Baud, psychiatre et responsable l’une des deux consultations ambulatoires de la Clinique de psychiatrie adulte à Genève.
§En quoi consiste la dépression automnale ou saisonnière?P. B.: Le trouble saisonnier de l’humeur, en anglais «seasonal affective disorder» ou S.A.D. (triste), est un type particulier de dépression. On parle d’un trouble saisonnier de l’humeur, quand, par définition, il se répète plusieurs années de suite. Le S.A.D. fait donc partie des dépressions récurrentes, qui connaissent plusieurs épisodes au cours de la vie. Il apparaît à certaines périodes de l’année, généralement à l’automne-hiver, entre octobre et janvier.
§Comment distingue-t-on le trouble saisonnier de l’humeur des autres formes de dépressions?P. B.: Le trouble saisonnier de l’humeur doit avoir pour caractéristique essentielle d’apparaître spécifiquement vers l’automne-hiver et de disparaître spontanément au printemps. Pour identifier ce type de dépression au sein de l’ensemble des troubles dépressifs, il faut s’assurer qu’il n’y a pas, à cette période de l’année, des facteurs autres, (tels qu’une perte d’emploi, une séparation, etc.) qui amèneraient à la dépression. Le S.A.D. se caractérise également par une forme de boulimie, un appétit excessif, et, en particulier, un goût pour les produits sucrés tels que le chocolat. Souvent, on remarque une prise de poids chez les sujets, ainsi qu’une forme d’anxiété très marquée et une hypersomnie. Cette forme de dépression n’est pas la plus fréquente et on se demande si l’on sait bien la diagnostiquer. Cela dit, toute dépression chronique peut être aggravée à cette période de l’année.
§Les gens qui ont une baisse de régime à l’approche de l’hiver ne sont pas pour autant tous dépressifs?P. B.: Non, beaucoup de gens éprouvent ces sensations sous une forme atténuée. Nous sommes nombreux à prendre quelques kilos et à manquer de dynamisme à la saison froide. Cela ne signifie pas que l’on soit dépressif.
De manière plus spéculative, on peut dire que, lorsqu’il ne s’agit pas de la forme pathologique, cette léthargie correspond à la persistance en nous de cycles naturels: comme de nombreux mammifères qui hibernent en hiver, ou qui économisent leur énergie, nous constituons des réserves, nous sommes moins mobiles et nous passons plus de temps dans notre «tanière». Notre façon de vivre actuelle ne prend pas en compte le rythme des saisons. On se lève toujours à la même heure, on travaille autant, alors que nous sommes sans doute programmés pour être un peu plus actifs en été et un peu moins en hiver. L’hiver est sans doute une période plus propice à la méditation, à la vie spirituelle.
§Pour quelles raisons l’hiver provoque-t-il un état dépressif chez certaines personnes?P. B.: Les S.A.D. sont certainement liés (bien qu’il y ait encore des controverses à ce sujet) à la faible quantité de lumière que l’on perçoit en hiver. Diverses études ont montré que la fréquence des dépressions saisonnières diminue à mesure que l’on descend vers le sud. Cela a permis de conclure à un rôle joué par la lumière. Il semblerait que celle-ci ait un effet d’inhibition sur la sécrétion d’une hormone appelée mélatonine qui règle nos rythmes internes. Lorsque le taux de mélatonine est plus élevé dans le sang, on constate chez les personnes une certaine fatigue et une diminution de l’attention.
§Comment traite-t-on les S.A.D.?P. B.: On peut traiter ce trouble comme toutes les dépressions, c’est-à-dire avec des antidépresseurs ou une psychothérapie, mais il existe un moyen d’en venir à bout plus économique, plus rapide et qui entraîne moins d’effets secondaires: la luminothérapie ou photothérapie. Ce traitement donne des résultats très satisfaisants, à condition qu’il s’agisse vraiment d’un S.A.D. Avec un bon matériel et une intensité suffisante, les séances durent une demi-heure. La personne est assise dans un fauteuil, face à une lampe spéciale, constituée de tubes de néon qui diffusent une lumière blanche. Elle peut lire, écouter de la musique, mais, de temps en temps, elle doit regarder l’appareil pour qu’une certaine quantité de lumière atteigne sa rétine.
§Faut-il utiliser des lampes spéciales ou peut-on se mettre face à sa lampe de salon et espérer des résultats?P. B.: Il est nécessaire d'utiliser un matériel expressément conçu pour la photothérapie car l'exposition à la lumière est inefficace au-dessous d'une certaine intensité lumineuse, quels que soient le temps qu'on y passe et la gravité du syndrome dont on souffre. Les lampes ordinaires ne diffusent pas une lumière suffisamment forte pour permettre une quelconque amélioration.
§En quoi consiste la dépression automnale ou saisonnière?P. B.: Le trouble saisonnier de l’humeur, en anglais «seasonal affective disorder» ou S.A.D. (triste), est un type particulier de dépression. On parle d’un trouble saisonnier de l’humeur, quand, par définition, il se répète plusieurs années de suite. Le S.A.D. fait donc partie des dépressions récurrentes, qui connaissent plusieurs épisodes au cours de la vie. Il apparaît à certaines périodes de l’année, généralement à l’automne-hiver, entre octobre et janvier.
§Comment distingue-t-on le trouble saisonnier de l’humeur des autres formes de dépressions?P. B.: Le trouble saisonnier de l’humeur doit avoir pour caractéristique essentielle d’apparaître spécifiquement vers l’automne-hiver et de disparaître spontanément au printemps. Pour identifier ce type de dépression au sein de l’ensemble des troubles dépressifs, il faut s’assurer qu’il n’y a pas, à cette période de l’année, des facteurs autres, (tels qu’une perte d’emploi, une séparation, etc.) qui amèneraient à la dépression. Le S.A.D. se caractérise également par une forme de boulimie, un appétit excessif, et, en particulier, un goût pour les produits sucrés tels que le chocolat. Souvent, on remarque une prise de poids chez les sujets, ainsi qu’une forme d’anxiété très marquée et une hypersomnie. Cette forme de dépression n’est pas la plus fréquente et on se demande si l’on sait bien la diagnostiquer. Cela dit, toute dépression chronique peut être aggravée à cette période de l’année.
§Les gens qui ont une baisse de régime à l’approche de l’hiver ne sont pas pour autant tous dépressifs?P. B.: Non, beaucoup de gens éprouvent ces sensations sous une forme atténuée. Nous sommes nombreux à prendre quelques kilos et à manquer de dynamisme à la saison froide. Cela ne signifie pas que l’on soit dépressif.
De manière plus spéculative, on peut dire que, lorsqu’il ne s’agit pas de la forme pathologique, cette léthargie correspond à la persistance en nous de cycles naturels: comme de nombreux mammifères qui hibernent en hiver, ou qui économisent leur énergie, nous constituons des réserves, nous sommes moins mobiles et nous passons plus de temps dans notre «tanière». Notre façon de vivre actuelle ne prend pas en compte le rythme des saisons. On se lève toujours à la même heure, on travaille autant, alors que nous sommes sans doute programmés pour être un peu plus actifs en été et un peu moins en hiver. L’hiver est sans doute une période plus propice à la méditation, à la vie spirituelle.
§Pour quelles raisons l’hiver provoque-t-il un état dépressif chez certaines personnes?P. B.: Les S.A.D. sont certainement liés (bien qu’il y ait encore des controverses à ce sujet) à la faible quantité de lumière que l’on perçoit en hiver. Diverses études ont montré que la fréquence des dépressions saisonnières diminue à mesure que l’on descend vers le sud. Cela a permis de conclure à un rôle joué par la lumière. Il semblerait que celle-ci ait un effet d’inhibition sur la sécrétion d’une hormone appelée mélatonine qui règle nos rythmes internes. Lorsque le taux de mélatonine est plus élevé dans le sang, on constate chez les personnes une certaine fatigue et une diminution de l’attention.
§Comment traite-t-on les S.A.D.?P. B.: On peut traiter ce trouble comme toutes les dépressions, c’est-à-dire avec des antidépresseurs ou une psychothérapie, mais il existe un moyen d’en venir à bout plus économique, plus rapide et qui entraîne moins d’effets secondaires: la luminothérapie ou photothérapie. Ce traitement donne des résultats très satisfaisants, à condition qu’il s’agisse vraiment d’un S.A.D. Avec un bon matériel et une intensité suffisante, les séances durent une demi-heure. La personne est assise dans un fauteuil, face à une lampe spéciale, constituée de tubes de néon qui diffusent une lumière blanche. Elle peut lire, écouter de la musique, mais, de temps en temps, elle doit regarder l’appareil pour qu’une certaine quantité de lumière atteigne sa rétine.
§Faut-il utiliser des lampes spéciales ou peut-on se mettre face à sa lampe de salon et espérer des résultats?P. B.: Il est nécessaire d'utiliser un matériel expressément conçu pour la photothérapie car l'exposition à la lumière est inefficace au-dessous d'une certaine intensité lumineuse, quels que soient le temps qu'on y passe et la gravité du syndrome dont on souffre. Les lampes ordinaires ne diffusent pas une lumière suffisamment forte pour permettre une quelconque amélioration.