Le commerce équitable, le Père Noël ne connaît pas !
11 décembre 2001
En faisant ses achats de Noël aux rayons jouets, il est difficile d’échapper à l’étiquette « made in China », encore plus compliqué de savoir si ces jouets ont été produits dans des conditions de travail acceptables
Mais en Suisse romande, les jouets du commerce équitable s’apparentent furieusement à une denrée rare. Face à la déferlante des producteurs asiatiques, Le Père Noël a-t-il vraiment le choix ? EnquêteDepuis fin novembre, toutes les semaines se ressemblent chez ce grand diffuseur de la banlieue lausannoise : Toys‘R’Us voit défiler tous les jours les clients, sans interruption du lundi au samedi. Le directeur reconnaît que le quarante pour cent des ventes annuelles se réalise maintenant et que les rayons nouveautés – dûment relayées par les spots TV – marchent particulièrement bien. Dans cette période importante pour les ventes, un constat s’impose : les jouets promis par le Père Noël proviennent en grande majorité de Chine. Le marché se concentre indéniablement en Asie où tout doit être mis en œuvre pour que ces jouets arrivent sous nos sapins de Noël à des prix concurrentiels. Certains jouets sont donc fabriqués dans de terribles conditions : cadence de travail infernale, salaire misérable, semaine de six jours, etc. Afin de sensibiliser les consommateurs à cet aspect, une campagne nationale intitulée « Exploiter n’est pas jouer ! » a été lancée en France voisine depuis la fin du mois d’octobre. Pilotée par le collectif « De l’éthique sur l’étiquette », elle diffuse une pétition réclamant l’introduction d’un label social dans le secteur jouet. « Le consommateur ignore les conditions dans lesquelles ont été produits les jouets qu’il achète et il n’a pas le choix, reconnaît Mireille Bergère de la boutique Artisans du monde à Annecy, nous mettons aussi en valeur les jouets du commerce équitable, les jeux de graines africaines, style Awalé, se taillent un franc succès ».
§Les jouets du commerce équitable : trop rares En Suisse romande, les associations n’ont pas pris le relais de cette campagne centrée sur les jouets. Du côté de la Déclaration de Berne et de Pain pour le Prochain, on donne la priorité à la production décente des habits (Campagne Clean Clothes), des baskets ou des ballons de foot, sans donner un accent particulier à la période d’achat qui précède Noël. À la centrale romande d’approvisionnement des Magasins du Monde, Bernadette Oriet avoue que l’assortiment de jouets du commerce équitable est peu fourni. « Les petits artisans rencontrent beaucoup de contraintes, explique-t-elle, néanmoins, nous avons eu de bons résultats avec la Fondation Solidarité au Chili où sont produits des jeux et des couvertures de découvertes pour bébés. Et puis tout un créneau jouet reste à développer, notamment avec le bois de balsa en provenance d’Equateur ». Un détour par la boutique des Magasins du Monde à Lausanne – qui réalise le vingt pour cent de ses ventes annuelles en décembre - montre que ce sont surtout les décorations de Noël qui se vendent bien, tandis que le rayon jouets offre surtout des jeux didactiques ou en bois naturel. La gamme demeure très (trop ?) réduite.
§Un label social, pour quoi faire ?Actuellement, l’absence d’un label social garantissant les conditions de production décentes n’empêche pas que certaines précautions soient déjà prises. Chez Manor, numéro un du marché jouet en grandes surfaces, le responsable des achats confirme : « Nous contrôlons, en collaboration avec d’autres acheteurs, nos fournisseurs en Chine, par le biais d’un bureau indépendant à Hong Kong. Manor a entre quatre et six fournisseurs et depuis trois ans, nous n’avons eu aucun problème grave, précise Franz Pfanner, mais si un label social doit exister, il faudrait qu’il s’applique d’abord aux grands, en l’occurrence aux firmes américaines, qui font la loi sur le marché en Chine ». De son côté, Bernadette Oriet, de Magasins du Monde, tient à apporter un bémol : « Le label social ne s’adresse qu’à la déferlante asiatique, au détriment une fois de plus des petits producteurs locaux d’Amérique latine ou d’Afrique ».
§Les jouets du commerce équitable : trop rares En Suisse romande, les associations n’ont pas pris le relais de cette campagne centrée sur les jouets. Du côté de la Déclaration de Berne et de Pain pour le Prochain, on donne la priorité à la production décente des habits (Campagne Clean Clothes), des baskets ou des ballons de foot, sans donner un accent particulier à la période d’achat qui précède Noël. À la centrale romande d’approvisionnement des Magasins du Monde, Bernadette Oriet avoue que l’assortiment de jouets du commerce équitable est peu fourni. « Les petits artisans rencontrent beaucoup de contraintes, explique-t-elle, néanmoins, nous avons eu de bons résultats avec la Fondation Solidarité au Chili où sont produits des jeux et des couvertures de découvertes pour bébés. Et puis tout un créneau jouet reste à développer, notamment avec le bois de balsa en provenance d’Equateur ». Un détour par la boutique des Magasins du Monde à Lausanne – qui réalise le vingt pour cent de ses ventes annuelles en décembre - montre que ce sont surtout les décorations de Noël qui se vendent bien, tandis que le rayon jouets offre surtout des jeux didactiques ou en bois naturel. La gamme demeure très (trop ?) réduite.
§Un label social, pour quoi faire ?Actuellement, l’absence d’un label social garantissant les conditions de production décentes n’empêche pas que certaines précautions soient déjà prises. Chez Manor, numéro un du marché jouet en grandes surfaces, le responsable des achats confirme : « Nous contrôlons, en collaboration avec d’autres acheteurs, nos fournisseurs en Chine, par le biais d’un bureau indépendant à Hong Kong. Manor a entre quatre et six fournisseurs et depuis trois ans, nous n’avons eu aucun problème grave, précise Franz Pfanner, mais si un label social doit exister, il faudrait qu’il s’applique d’abord aux grands, en l’occurrence aux firmes américaines, qui font la loi sur le marché en Chine ». De son côté, Bernadette Oriet, de Magasins du Monde, tient à apporter un bémol : « Le label social ne s’adresse qu’à la déferlante asiatique, au détriment une fois de plus des petits producteurs locaux d’Amérique latine ou d’Afrique ».