Expo 02 : sept manières de voir le ciel

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Expo 02 : sept manières de voir le ciel

27 février 2002
Sur les rives du lac de Morat, à l’ombre du fameux monolithe de Jean Nouvel, « Un Ange passe » prend forme
Celle de petites cabanes à l’intérieur desquelles on s’active afin que tout soit prêt le 15 mai. Budgétée à 4,5 millions de francs suisses, cette exposition veut surprendre et questionner le visiteur à travers les créations de cinq artistes contemporains.Les travaux avancent sur les bords du lac de Morat. A moins de trois mois de l’ouverture d’Expo 02, tout paraît encore en chantier. « Mais tout sera prêt », sourit Danielle Nanchen, responsable des expositions de l’un des cinq arteplages du rendez-vous national. Bien sûr, la principale attraction sera ici l’imposant monolithe de Jean Nouvel, mystérieux cube de métal de 34 mètres de haut posé par l’architecte parisien au milieu des eaux.

Comme lui, les sept petites cabanes en acier du projet des Eglises chrétiennes de Suisse « Un Ange passe » rouillent sous les frimas hivernaux. Une manière de suggérer le temps qui passe. Et de rappeler le thème « Instant et Eternité » choisi à Morat. Selon les vœux de Jean Nouvel, et contrairement à Yverdon, Neuchâtel ou Bienne, les constructions d’Expo 02 se dissimulent dans les rues de la cité médiévale ou parsèment les rives.

Projet œcuménique, « un Ange passe » a été conçu par Gabriel de Montmollin, théologien et directeur des éditions genevoises Labor et Fidès. Sur le rivage, donc, sept ciels pour autant de constructions métalliques juchées sur pilotis. D’envergure modeste (5 mètres sur 7), elles abriteront la mise en images de la symbolique religieuse par cinq artistes contemporains. « Un Ange passe » est une métaphore du silence étonné qui suspend les conversations, de l’inattendu qui se cache derrière ce qui nous entoure, explique Gabriel de Montmollin. Nous aimerions provoquer la surprise, la curiosité, la réflexion, en mettant en scène l’imprévisible. »

§Images fortes et imprévisiblesChaque ciel se veut une interprétation d’un concept de la foi chrétienne : la bonne nouvelle, le mystère, la création, la parole, le partage et les échanges, la mort dépassée et la bénédiction. Deux d’entre eux ont été confiés à l’américain Bob Wilson, le grand metteur en scène américain. Son étonnante « création », par exemple, prend la forme de sept ânes sculptés et peints en jaune criard. Braillant et souffrant dans l’attente du royaume de Dieu, les bourriques apparaissent devant un paysage suisse du XIXe siècle traversé de météorites et rythmé par des chants de pygmées africains.

Autre œuvre saisissante, celle du Zurichois Anton Egloff pour le « Ciel de la Parole », qui met en scène quatre mots tirés du célèbre verset : « Je suis la lumière du monde, vous êtes les sel de la terre. » Sur un sol transformé en plaque de métal, les lettres disparaissent pour laisser place à la seule ponctuation, signes d’une parole disparue. Bien sûr, on pourra se demander si, à force de vouloir éviter les pièges du prosélytisme et de la pédagogie, la démarche des Eglises ne risque pas de susciter une certaine incompréhension. « Notre choix de présenter des visions nouvelles comporte une part d’inconnue, reconnaît Gabriel de Montmollin. Pourtant, notre projet n’est ni élitaire, ni intellectuel. Notre pari est que les gens se laissent toucher, interpeller par des créations fortes. » Pour les y aider, pour ne pas laisser certaines questions sans réponses, des bénévoles entreront en dialogue avec les visiteurs, et expliqueront certains éléments restés obscurs. « Nous avons d’ores et déjà reçu suffisamment de demandes », se réjouit Georg Schubert, secrétaire général ESE 02, l’association « Eglises suisses à Expo 02. »

« Un Ange passe » coûte 4,5 millions de francs suisses. Protestants et catholiques doivent verser un million, le reste étant financé par la recherche de sponsors menée par la direction générale de l’Expo. « Mais dans tous les cas, cette dernière garantit la réalisation du projet », rappelle Georg Schubert. Vivement le 15 mai, donc, pour voir dans quelle mesures les Eglises nationales auront réussi à convoquer les anges autour d’une partie du public.