Campagne électorale pour les réformés vaudois
Dans une semaine, le vendredi 21 septembre, le Synode, organe délibérant de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV), désignera le successeur de John Christin au Conseil synodal. Ce dernier ayant démissionné, en juin, de l’organe exécutif pour en dénoncer les dysfonctionnements, une place de laïc est à repourvoir pour les neuf mois qui nous séparent de la fin de la législature. À ce jour, deux candidats se sont déclarés. Jeudi soir, le 12 septembre, ils ont répondu à une série de questions devant une quarantaine de personnes, pour l’essentiel des délégués au Synode.
Bienveillance et compromis
Jacques Guignard, 77 ans. Il a dirigé, durant 28 ans, l’entreprise de restauration pour les collectivités DSR (renommée Eldora en 2015). Celui qui «ne se souvient pas avoir dû aller une fois devant un tribunal» en raison d’un conflit avec un employé, car «les avocats le disent eux-mêmes: un mauvais accord vaut mieux qu’un bon procès», insiste beaucoup sur la bienveillance dans les ressources humaines. Il a été membre du Synode de 2009 à 2014.
Il préside l’Association résistance et réconciliation dans l’EERV qui a soutenu plusieurs des pasteurs licenciés ces dernières années et a dénoncé les pratiques du Conseil synodal. Le retraité se présente pour les neuf mois de cette fin de législature et annonce d’emblée ne pas souhaiter briguer un mandat lors de la prochaine élection. Durant cette période, il compte travailler à «introduire une mentalité de la recherche d’une solution de compromis.»
Une exigence d’excellence
Face à lui, Boris Voirol, 44 ans, membre du Synode depuis 2016. Différentes expériences de management dans la vente d’assurance et de matériel médical, avant de créer sa société de coaching en entreprise en 2015. Happé par l’économie dès la fin de ses études en théologie, il déclare clairement songer au Conseil synodal depuis un moment. «Avant qu’il ne soit question d’une élection complémentaire, j’envisageais déjà de me présenter pour la prochaine législature», explique-t-il. «Aujourd’hui, ma vie professionnelle me le permet.»
Pour lui, l’EERV a été «longtemps parasitée par le fait de vouloir être gentils», défendant un management plus strict il avance: «à l’EERV, on gère des choses autrement plus importantes que dans une entreprise! Le Royaume de Dieu est plus important que des états financiers. On ne peut donc pas tolérer que chacun ne fasse pas de son mieux. L’exigence de qualité et d’excellence doit être toujours là! Il n’est pas normal d’avoir de la médiocrité.» Dans la situation de changements que vit l’Église, Boris Voirol préconise: «Il nous faut apprendre à mieux nous disputer.»
Paroisse forte contre village global
Si les deux hommes ne se rejoignent pas quant à leurs idéaux de management, leur vision de l’Église idéale les oppose aussi. «Si l’on veut faire grandir les communautés, cela doit se faire au niveau paroissial, voire régional. Il faut donc renouer avec l’échelon paroissial», défend Jacques Guignard. Alors que Boris Voirol n’exclut pas de tout changer: «Il faut se rendre compte que le changement est là pour durer. Il faut être conscient que cela nécessite beaucoup plus de flexibilité. Par ailleurs, on dit parfois que l’église n’est plus au milieu du village, mais elle est peut-être désormais au milieu du village global. Nous n’avons peut-être pas assez d’ambition dans les objectifs que nous nous fixons.»