USA : La religion, composante inédite de la campagne présidentielle
15 juillet 2004
Premier candidat catholique depuis J.F. Kennedy, le sénateur John Kerry se voit attaqué sur ses positions favorables à l’avortement, au mariage homosexuel ou à l’euthanasie
Les démocrates crient à la manipulation. Officiellement en tout cas, six Américains sur dix disent pratiquer régulièrement leur religion. Autant dire que les intentions de vote exprimées par les électeurs catholiques et protestants ne laissent pas John Kerry et Georges Bush de marbre. Selon un sondage de l’Université d’Akron (Ohio), 68% des catholiques se rendant à l’église plus d’une fois par semaine ont voté Bush il y a quatre ans contre seulement 42% pour son challenger Al Gore. Le démocrate John Kerry est le premier candidat catholique à l’élection présidentielle depuis John Kennedy. Il y a quarante-quatre ans, les conservateurs – de tradition plutôt protestante – reprochaient à Kennedy d’être aux ordres du Vatican. Aujourd’hui, ces mêmes conservateurs - qui ont depuis lors largement recruté chez les catholiques les plus pratiquants – affirment que John Kerry est trop éloigné des positions de Rome, notamment sur la question de l’avortement, du mariage homosexuel ou de l’euthanasie.
Après que plusieurs évêques américains eurent déclaré qu’il fallait interdire la communion aux hommes politiques défendant des positions contraires à la doctrine vaticane, l’archevêque de Colorado Springs a enfoncé le clou en soulignant que si le candidat démocrate se présentait à lui durant une messe, il refuserait de lui donner l’eucharistie. Argumentation qui a fait bondir une majorité de prélats, désapprouvant une condamnation par trop unilatérale. Fin juin, une déclaration commune publiée au terme de leur assemblée de printemps n’a pas suffit à calmer le jeu. Les républicains accusés d'attiser les braisesAu contraire. La polémique semble prendre de l’ampleur. Une majorité de catholiques ont critiqué la minorité d’évêques prêts à utiliser l’eucharistie comme sanction. Et la plupart des Américains regrettent ce qu’ils considèrent comme une immixtion de la religion dans la campagne présidentielle, ce qui met à mal l’image d’une Eglise catholique américaine (63 millions de fidèles) encore convalescente du scandale des prêtres pédophiles. Pour sa part, John Kerry vient d’engager dans son équipe de campagne une déléguée aux questions religieuses. Sa mission ? Prendre son bâton de pèlerin et convaincre que même s’il ne peut s’y opposer officiellement par respect pour le droit des femmes, le démocrate et son épouse sont intimement opposés à l’avortement. Auparavant, John Kerry avait invoqué la liberté de conscience sur ce genre de questions, et pris à son compte la célèbre formule de Kennedy - « Je serai un président qui est catholique, non un président catholique » - qui signifiait par là que sa foi n’aurait pas d’influence sur son action politique. En réponse, le théologien catholique réputé Michael Novak lui a répondu que s’il était en désaccord avec l’Eglise, il était libre de la quitter. De leur côté, les démocrates accusent les républicains d’attiser les braises pour favoriser Georges Bush auprès de l’électorat le plus conservateur. Dans cette bataille, le Texan vient de perdre une manche, en ne réussissant pas à faire voter au sénat un amendement interdisant les mariages homosexuels dans la Constitution. Georges Bush espérait en faire un thème de campagne, et protéger une « institution » malmenée depuis que l’Etat du Massachusetts a autorisé le mariage gay en mai dernier, avant que plusieurs maires de villes comme Portland ou San Fransisco ne prennent le relais.
Après que plusieurs évêques américains eurent déclaré qu’il fallait interdire la communion aux hommes politiques défendant des positions contraires à la doctrine vaticane, l’archevêque de Colorado Springs a enfoncé le clou en soulignant que si le candidat démocrate se présentait à lui durant une messe, il refuserait de lui donner l’eucharistie. Argumentation qui a fait bondir une majorité de prélats, désapprouvant une condamnation par trop unilatérale. Fin juin, une déclaration commune publiée au terme de leur assemblée de printemps n’a pas suffit à calmer le jeu. Les républicains accusés d'attiser les braisesAu contraire. La polémique semble prendre de l’ampleur. Une majorité de catholiques ont critiqué la minorité d’évêques prêts à utiliser l’eucharistie comme sanction. Et la plupart des Américains regrettent ce qu’ils considèrent comme une immixtion de la religion dans la campagne présidentielle, ce qui met à mal l’image d’une Eglise catholique américaine (63 millions de fidèles) encore convalescente du scandale des prêtres pédophiles. Pour sa part, John Kerry vient d’engager dans son équipe de campagne une déléguée aux questions religieuses. Sa mission ? Prendre son bâton de pèlerin et convaincre que même s’il ne peut s’y opposer officiellement par respect pour le droit des femmes, le démocrate et son épouse sont intimement opposés à l’avortement. Auparavant, John Kerry avait invoqué la liberté de conscience sur ce genre de questions, et pris à son compte la célèbre formule de Kennedy - « Je serai un président qui est catholique, non un président catholique » - qui signifiait par là que sa foi n’aurait pas d’influence sur son action politique. En réponse, le théologien catholique réputé Michael Novak lui a répondu que s’il était en désaccord avec l’Eglise, il était libre de la quitter. De leur côté, les démocrates accusent les républicains d’attiser les braises pour favoriser Georges Bush auprès de l’électorat le plus conservateur. Dans cette bataille, le Texan vient de perdre une manche, en ne réussissant pas à faire voter au sénat un amendement interdisant les mariages homosexuels dans la Constitution. Georges Bush espérait en faire un thème de campagne, et protéger une « institution » malmenée depuis que l’Etat du Massachusetts a autorisé le mariage gay en mai dernier, avant que plusieurs maires de villes comme Portland ou San Fransisco ne prennent le relais.