Investir l’argent de l’Eglise dans des fonds protestants ? Projets en Suisse et dans le canton de Vaud
23 avril 2007
Le 8 mars dernier, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) organisait un séminaire consacré aux placements financiers dans le domaine du développement durable
Aujourd'hui, les responsables de caisses de pension des Eglises devraient avoir une stratégie commune, explique Christoph Stückelberger, directeur de l’Institut de Théologie et d’Ethique de la FEPS.Investir de l’argent oui, mais en respectant les principes de l’Eglise protestante et sous contrôle avisé d’un comité consultatif : l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) y songe depuis plusieurs mois. En 2006, elle a organisé des séances d’information au sein des paroisses et des organismes liés à l’Eglise pour voir si son projet de Fonds de placement éthique consacré au développement durable, élaboré avec le concours de la Banque cantonale vaudoise, rencontrait l’intérêt de potentiels investisseurs. « Pour pouvoir lancer un fonds de placement, il faut que nous connaissions des déclarations d’intentions de versements pour au moins dix millions de francs », explique Claude Cuendet, le responsable des finances de l’Eglise vaudoise. « Actuellement, avec de potentiels intéressés pour 3 ou 4 millions, nous sommes encore loin du compte ». Le fonds vaudois serait également ouvert aux investisseurs privés.
« Pour aller plus loin, nous aimerions soit que notre idée soit reprise sur le plan suisse par la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), soit que d’autres Eglises cantonales manifestent leur intérêt et montent avec nous dans le bateau », poursuit Claude Cuendet, qui a défini les critères auxquels le fonds « illustrant nos valeurs » devrait répondre : pas d’investissements dans l’industrie de l’armement ou l’énergie nucléaire, une attention marquée pour l’engagement social des entreprises envers leurs employés et le traitement réservé à leur personnel, le souci de favoriser des entreprises ménageant l’environnement. « Quelque chose existe déjà sous l’égide de Swisscanto », une Fondation collective des Banques cantonales et d’Helvetia Patria dont le siège est à Bâle, et qui satisfait aux dispositions pour la réalisation de prévoyance professionnelle. L’intérêt des banques pour l’argent des Eglises est là : l’UBS et le Crédit Suisse étaient présentes au séminaire consacré aux placements financiers dans le domaine du développement durable, organisé par la FEPS le 8 mars dernier.
Du côté de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, l’idée de mieux investir les fonds aujourd’hui dispersés dans des dizaines de caisses de pension cantonales fait son chemin. « En raison de la structure fédéraliste de la Suisse et de l’organisation cantonale des Eglises, nous connaissons une grande diversité des caisses de pension gérant les fonds du personnel des Eglises protestantes », souvent encore liées aux caisses de pension de l’Etat. Ces structures différenciées ne facilitent pas les projets de fusion entre les caisses », constate Christoph Stückelberger, directeur de l’Institut de Théologie et d’Ethique de la FEPS, qui réfléchit depuis quelques années à l’idée d’un tel fonds avec le professeur émérite d’éthique sociale à l’université de Zurich Hans Ruh. Globalement, l’ensemble des Eglises protestantes de Suisse pèsent, au travers de leurs caisses de pension, un montant avoisinant un milliard et demi de francs. S'y ajoutent les moyens propres des Eglises, mais certaines de ces sommes sont nécessaires à la gestion quotidienne de l’institution, et ne sont donc pas mobilisables. Il n’en reste pas moins que la solution passe par un regroupement des forces financières de l’Eglise, qui lui permettrait d’avoir une influence plus décisive au sein de l’actionnariat des entreprises soutenues par ses placements.
L’Alliance réformée mondiale, dont le secrétariat général est à Genève, a proposé en 2004 lors de son assemblée générale que les Eglises protestantes investissent au minimum 20% de leurs placements dans des fonds éthiques. « En Suisse, actuellement, les Eglises protestantes ne remplissent de loin pas ces critères », relève Christoph Stückelberger, « car la majorité investissent peu dans de tels fonds ». Une solution serait de créer un pool réunissant les fonds de leurs caisses de pension, aux fins de disposer des experts et spécialistes nécessaires et d’enregistrer de meilleures performances, car le volume d’argent géré serait plus important. « L’idée d’un fonds éthique est bonne, mais ce n’est pas la seule envisageable car de tels fonds se sont multipliés récemment » et le marché peut paraître saturé. « Plutôt que de créer un organisme supplémentaire, pourquoi ne pas utiliser ce qui existe déjà ? » suggère le directeur de l’Institut d’Ethique. « En Suisse, Ethos, la Fondation suisse pour un développement durable à Genève et le Centre Info à Fribourg sont par exemple spécialistes des questions d’investissement et d'actionnariat responsable. Il faudrait augmenter les échanges afin de satisfaire aux critères définis par ces organismes et, également, de mieux leur faire connaître les publications de la FEPS à ce sujet », suggère Christoph Stückelberger. Autre piste : faciliter les échanges d’information sur un plan européen. L’Eglise méthodiste anglaise possède un institut d’analyse qui consacre des audits à des entreprises telles Nestlé, pour savoir si elle répond aux critères souhaités. Les grandes Eglises luthériennes de Suède ou de Norvège possèdent aussi des fonds importants permettant de tels examens.
Dans un premier temps, le directeur souhaite que les responsables de caisses de pension des Eglises protestantes de Suisse aient une stratégie commune, « car il n’est plus possible d’investir chacun dans son coin », même si cela doit exiger la fusion de quelques caisses pour améliorer les synergies. La FEPS pourrait les réunir en une conférence annuelle commune, et accorder un caractère œcuménique à la discussion en contactant les institutions catholiques. « La plupart de nos critères d’investissements sont sans doute communs ». Dans un premier temps, un rapport consacré aux différentes caisses de pension des Eglises protestantes en Suisse a été dressé et sera mis à disposition prochainement par la FEPS
« Pour aller plus loin, nous aimerions soit que notre idée soit reprise sur le plan suisse par la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), soit que d’autres Eglises cantonales manifestent leur intérêt et montent avec nous dans le bateau », poursuit Claude Cuendet, qui a défini les critères auxquels le fonds « illustrant nos valeurs » devrait répondre : pas d’investissements dans l’industrie de l’armement ou l’énergie nucléaire, une attention marquée pour l’engagement social des entreprises envers leurs employés et le traitement réservé à leur personnel, le souci de favoriser des entreprises ménageant l’environnement. « Quelque chose existe déjà sous l’égide de Swisscanto », une Fondation collective des Banques cantonales et d’Helvetia Patria dont le siège est à Bâle, et qui satisfait aux dispositions pour la réalisation de prévoyance professionnelle. L’intérêt des banques pour l’argent des Eglises est là : l’UBS et le Crédit Suisse étaient présentes au séminaire consacré aux placements financiers dans le domaine du développement durable, organisé par la FEPS le 8 mars dernier.
Du côté de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, l’idée de mieux investir les fonds aujourd’hui dispersés dans des dizaines de caisses de pension cantonales fait son chemin. « En raison de la structure fédéraliste de la Suisse et de l’organisation cantonale des Eglises, nous connaissons une grande diversité des caisses de pension gérant les fonds du personnel des Eglises protestantes », souvent encore liées aux caisses de pension de l’Etat. Ces structures différenciées ne facilitent pas les projets de fusion entre les caisses », constate Christoph Stückelberger, directeur de l’Institut de Théologie et d’Ethique de la FEPS, qui réfléchit depuis quelques années à l’idée d’un tel fonds avec le professeur émérite d’éthique sociale à l’université de Zurich Hans Ruh. Globalement, l’ensemble des Eglises protestantes de Suisse pèsent, au travers de leurs caisses de pension, un montant avoisinant un milliard et demi de francs. S'y ajoutent les moyens propres des Eglises, mais certaines de ces sommes sont nécessaires à la gestion quotidienne de l’institution, et ne sont donc pas mobilisables. Il n’en reste pas moins que la solution passe par un regroupement des forces financières de l’Eglise, qui lui permettrait d’avoir une influence plus décisive au sein de l’actionnariat des entreprises soutenues par ses placements.
L’Alliance réformée mondiale, dont le secrétariat général est à Genève, a proposé en 2004 lors de son assemblée générale que les Eglises protestantes investissent au minimum 20% de leurs placements dans des fonds éthiques. « En Suisse, actuellement, les Eglises protestantes ne remplissent de loin pas ces critères », relève Christoph Stückelberger, « car la majorité investissent peu dans de tels fonds ». Une solution serait de créer un pool réunissant les fonds de leurs caisses de pension, aux fins de disposer des experts et spécialistes nécessaires et d’enregistrer de meilleures performances, car le volume d’argent géré serait plus important. « L’idée d’un fonds éthique est bonne, mais ce n’est pas la seule envisageable car de tels fonds se sont multipliés récemment » et le marché peut paraître saturé. « Plutôt que de créer un organisme supplémentaire, pourquoi ne pas utiliser ce qui existe déjà ? » suggère le directeur de l’Institut d’Ethique. « En Suisse, Ethos, la Fondation suisse pour un développement durable à Genève et le Centre Info à Fribourg sont par exemple spécialistes des questions d’investissement et d'actionnariat responsable. Il faudrait augmenter les échanges afin de satisfaire aux critères définis par ces organismes et, également, de mieux leur faire connaître les publications de la FEPS à ce sujet », suggère Christoph Stückelberger. Autre piste : faciliter les échanges d’information sur un plan européen. L’Eglise méthodiste anglaise possède un institut d’analyse qui consacre des audits à des entreprises telles Nestlé, pour savoir si elle répond aux critères souhaités. Les grandes Eglises luthériennes de Suède ou de Norvège possèdent aussi des fonds importants permettant de tels examens.
Dans un premier temps, le directeur souhaite que les responsables de caisses de pension des Eglises protestantes de Suisse aient une stratégie commune, « car il n’est plus possible d’investir chacun dans son coin », même si cela doit exiger la fusion de quelques caisses pour améliorer les synergies. La FEPS pourrait les réunir en une conférence annuelle commune, et accorder un caractère œcuménique à la discussion en contactant les institutions catholiques. « La plupart de nos critères d’investissements sont sans doute communs ». Dans un premier temps, un rapport consacré aux différentes caisses de pension des Eglises protestantes en Suisse a été dressé et sera mis à disposition prochainement par la FEPS