André Kolly, 30 ans au service du catholicisme et de l'oecuménisme à la RSR et la TSR, tire sa révérence

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André Kolly, 30 ans au service du catholicisme et de l'oecuménisme à la RSR et la TSR, tire sa révérence

24 septembre 2008
Directeur du Centre catholique de radio et télévision (CCRT), qui fête son 50ème anniversaire le 7 novembre prochain, André Kolly quittera sa fonction dans le courant de l’année 2009
Journaliste à la Radio (RSR) et à la Télévision Suisse Romande (TSR), il a commenté pendant 30 ans les grands événements de l’Eglise catholique et la retransmission de messes et de célébrations œcuméniques. Actuellement, il s’occupe spécialement de la production des messes à la TV. . Théologien d’origine fribourgeoise, André Kolly a acquis une solide expérience du dialogue œcuménique. Pour lui, décrypter la dimension religieuse de notre monde aide à trouver sa propre voie spirituelle. Entretien.André Kolly entre à la Radio Suisse Romande en 1976, une licence en théologie en poche et une bonne expérience des médias, acquise comme attaché de presse romand du Synode 72, qui a permis une réflexion des catholiques suisses, prêtres et laïcs, sur leur mission pastorale dans le monde moderne. C’est à cette époque que les journalistes des émissions catholiques et protestantes de radio décident de collaborer plus étroitement et de réunir leurs temps d’antenne respectifs pour produire ensemble un véritable magazine chrétien, avec des dossiers communs. En 1988, il succède à André Babel, prêtre et journaliste, à la tête du Centre catholique de radio et télévision (CCRT). En 1991, à l’occasion du 700ème anniversaire de la Confédération, les équipes de journalistes protestants et catholiques auprès de la Télévision et de la Radio Suisse Romande se mettent à tenir compte de manière systématique des autres religions mais aussi des non-croyants, dans leur approche des thématiques abordées à l’antenne. Qu’est-ce qui a changé dans votre traitement des sujets abordés en radio depuis 1991 ?Nous nous sommes mis à discuter sur la place publique et non plus dans nos sacristies. Notre public cible est généraliste par nature, nous avons donc traité du religieux de façon plus large. Nous cherchons ensemble sous quel angle aborder les sujets que nous voulons traiter. Alors que ce n’était pas le cas lors de la visite du pape en Suisse en 1984, pour la venue de Jean-Paul II à Berne en 2004 , nos deux équipes protestante et catholique ont travaillé main dans la main. N’y a-t-il pas risque d’y perdre son identité confessionnelle ?Chacun dans l’équipe a une identité personnelle forte, mais sait être objectif dans le traitement de l’actualité. Nous avons appris peu à peu à dépasser les méfiances institutionnelles. Nous travaillons dans l’esprit du service public, c’est-à-dire que nous cherchons à fournir aux auditeurs des clés de compréhension pour mieux appréhender la dimension religieuse de notre monde. Aujourd’hui quand on pense Eglises, on pense toujours au pluriel, on met toujours un « s » au mot. Nous savons que nos paroles catholique et protestante sont entendues par des auditeurs de confession différente, voire par des agnostiques, et qu’il nous faut trouver une plateforme commune du langage.L’œcuménisme a beaucoup progressé à la radio, votre salle de rédaction commune en est une belle illustration, mais pas vraiment dans le monde.C’est vrai, en réalité l’œcuménisme fait du sur place actuellement. Les célébrations œcuméniques sont toujours très compliquées, les consensus sont lents à trouver. En Suisse toutefois, on cherche actuellement à appliquer progressivement la Charte œcuménique européenne* signée à Strasbourg le 22 avril 2001, par la Conférence des Eglises européennes (KEK) et le Conseil des Conférences épiscopales d'Europe.Quels sont vos souvenirs les plus marquants ? Les interviews que j’ai faites avec le père Congar, dans sa chambre à l’Institut œcuménique de Bossey, la rencontre de l’abbé Pierre et de Frère Roger Schütz, de la Communauté de Taizé, Sœur Emmanuelle, Jean Vanier, Helder Camara. Ces personnalités ont été des lumières dans ma vie, des témoins du souffle du Saint Esprit. Il y a aussi eu les rassemblements des JMJ et de Taizé auxquels j’ai eu la chance de participer. La joie spirituelle que j’en ai retirée est pour moi un viatique extraordinaire. Votre plus mauvais souvenir ? Un cauchemar que j’ai fait récemment : Je devais commenter un office liturgique sans savoir si c’était un culte, une messe ou une célébration œcuménique et j’avais perdu mes fiches, je ne savais plus ce qu’il fallait dire, j’étais au premier rang dans une église vide, c’était affreux. Avez-vous des projets pour votre retraite ? Je suis incapable de formuler un projet personnel, tant j’ai actuellement à cœur de bien transmettre le témoin. Mon souci est que mon successeur à la tête du Centre catholique de radio et de télévision soit meilleur que moi. Sur le plan personnel, j’ai trois petits-enfants, je me réjouis d’être plus souvent avec eux.

*»Cette Charte européenne propose aux Églises de développer une véritable culture œcuménique de dialogue et de coopération entre chrétiens d'Europe et d’adopter une attitude positive à l'égard du judaïsme et de l'islam.