FEPS: Gottfried Locher va remplacer Thomas Wipf

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FEPS: Gottfried Locher va remplacer Thomas Wipf

15 juin 2010
Gottfried Locher © FEPS

Le Bernois Gottfried Locher, 44 ans, va incarner la voix des réformés pendant quatre ans après Thomas Wipf. Il a été élu lundi matin par l'Assemblée des délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) à Herisau face au Lucernois David Weiss et au Valaisan Didier Halter. A peine élu, il s'envolera vendredi pour Grand Rapids, Chicago, USA, où il brigue un poste dans la nouvelle organisation réformée mondiale, issue d'une fusion.


Jeune, brillant, il est considéré comme un conservateur moderne, partisan d'une "autorité spirituelle" forte. Gottfried Locher, membre de la direction de l'Eglise Berne-Jura-Soleure, est également directeur depuis 2006 l’Institut d’études œcuméniques de l’Université de Fribourg, un poste qu'il va quitter avant la fin de l'année.

Le Bernois est encore l'un des cinq vice-présidents de l'Alliance mondiale réformée. Il a donc un bon réseau international. Pendant la campagne, certains se sont demandés si son profil international était le bon pour répondre aux défis que rencontrent les Eglises réformées en Suisse, confrontées globalement à une baisse d'audience dans la société.


Ancien directeur des relations extérieures de la FEPS, il connaît bien l'organisation qu'il va diriger de l'intérieur. Mais ses réflexions sur la création d'un éventuel poste d'évêque réformé sur le modèle luthérien avait suscité une levée de boucliers. « Le projet est pour l'heure enterré, mais je continue de penser qu'une autorité spirituelle réformée au niveau cantonal a tout son sens », a-t-il argumenté.

 Entretien.

Tania Buri - ProtestInfo: D'ici 2050, les réformés devraient passer de 33% à 20% en Suisse, annoncent certaines études. Etes-vous inquiet?

Gottfried Locher: Pour les Eglises, ce n'est pas décisif. Ce n'est pas la grandeur qui est importante, mais la crédibilité. Bien sûr, ce n'est pas agréable si nous devenons moins nombreux, mais les Eglises réformées sont minoritaires presque partout dans le monde.

TB: La famille protestante est tiraillée entre progressistes et conservateurs. Pour concilier ces différentes tendances, on peut reprocher à la FEPS des prises de position alambiquées comme sur les exportations d'armes ou son abstention sur la loi sur les étrangers en 2006, alors qu'elle avait clairement rejeté la loi sur l'asile. Que répondez-vous?

GL: Cette observation est pertinente. La FEPS doit s'exprimer d'une voix claire. Quelquefois, cela signifie ne rien dire, car les positions des 26 Eglises cantonales sur une même question sont trop différentes. Dans d'autres cas, en revanche, une position politique claire s'impose naturellement.

TB: Les réformés globalement passent d'une position majoritaire à minoritaire en Suisse. Comment envisagez-vous le rôle de la FEPS dans ce contexte?

GL: Cette tendance n'est pas uniforme en Suisse: la situation est différente selon les cantons (ndrl: le canton de Berne est le seul, en Suisse, où les réformés sont encore majoritaires). Mais le rôle de la FEPS reste le même. Elle doit faire entendre le point de vue réformé sur des questions politiques comme l'exportation d'armes ou la burqa.

TB: Finance, structure, présence dans la société, les réformés sont à un tournant. Les petites Eglises, issues de cantons où elles sont minoritaires, craignent les grandes. Et celles-ci rechignent à payer pour les petites Eglises via des organisations comme le FEPS ou la Conférence des Eglises réformées de Suisse romande (CER). Comment comptez-vous lutter contre cette tendance au repli?

GL: Les grandes comme les petites Eglises cantonales partagent la même identité réformée. Mais la FEPS a besoin d'un système solidaire où les grandes Eglises se sentent à l'aise et où les petites reçoivent le soutien nécessaire.

TB: Vous allez participer dès vendredi à Chicago à la création du plus grand mouvement réformé mondial avec 80 millions de protestants. Vous vous présentez au comité exécutif de la nouvelle organisation, qui s'appellera la Communion mondiale d'Eglises réformées (CMER) et réunit l'AMR et le Conseil oecuménique réformé (COR). Quel est à votre avis l'enjeu central de cette fusion?

GL: Cela permettra aux réformés de disposer d'une organisation mieux adaptée pour dialoguer avec les catholiques par exemple. Les réformés disposeront ainsi d'une voix institutionnelle claire.

TB: Vous êtes vous-même une des chevilles ouvrières d'un rapprochement de l'AMR avec les luthériens. A quoi avez-vous abouti et quels sont les points de dissension?


GL:
Les réformés et les luthériens reconnaissent désormais mutuellement les pasteurs, issus de chacune des deux confessions. Reste en revanche la question de l'épiscopat, qui va vers un renforcement chez les luthériens et qui n'est pas reconnu chez les réformés.

Pour une reconnaissance des religions

L'Etat doit-il reconnaître d'autres courants religieux, comme les évangéliques et les musulmans? La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) défend l'introduction d'un article constitutionnel sur les religions. Cette position a été décidée dimanche à Herisau.

La question de la reconnaissance des autres courants religieux connaît un regain d'actualité depuis l'adoption de l'initiative antiminarets par le peuple le 29 novembre 2009. Le Conseil fédéral est en tout cas prêt à en discuter, comme il l'a déclaré le 27 mai dernier. La FEPS est d'avis que les cantons doivent pouvoir continuer de conférer un statut juridique particulier aux communautés religieuses.Le Valaisan s'est retiré

Gottfried Locher succède au Zurichois Thomas Wipf, qui quittera la présidence fin 2010 après 12 ans. Il assumera le poste de président du Conseil de la FEPS pour la législature 2011-2014. La FEPS représente 26 Églises réformées et quelque 2,4 millions de protestants en Suisse.

Le résultat a été acquis au 2ème tour de scrutin. Trente-huit voix sont allées à M. Locher et 31 au Lucernois David A. Weiss. Le Valaisan Didier Halter a retiré sa candidature après le premier tour. Daniel de Roche, le président de la Conférence des Eglises réformées de Suisse romande (CER), a appelé les Romands à reporter leurs voix d'abord attribués à M. Halter sur M. Locher.

Liens

www.feps.ch