L'eau: enjeu majeur de la CMER et des Eglises suisses
Par Michel Kocher
« We did it », « nous l’avons fait », s’est exclamée Pia Grossholz samedi matin lors de la dernière session de l’Assemblée générale de la CMER, au moment où le texte final est voté. Assise dans les tribunes de l’immense stade de baseball, à côté d’autres observateurs et visiteurs suisses, cette conseillère synodale de l’Église bernoise, est satisfaite. Le travail des Suisses autour de l’eau trouve sa place dans les sujets retenus comme importants et préoccupants pour les 80 millions de réformés de par le monde.
À la base de ce succès, un travail commencé il y a de nombreux mois, par une équipe de cinq personnes de l’Église réformée Berne-Jura-Soleure. Préparation de dossiers, sensibilisation des délégués officiels de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et surtout contacts réguliers, avec des partenaires du monde entier, membres du « Réseau œcuménique de l’eau. »
Déclaration oecuménique sur l'eauPlusieurs partenaires « virtuels » de ce réseau se sont rencontrés pour la première fois dans les deux ateliers sur l’eau, organisés dans le campus du Calvin College à Grand Rapids. Aux soixante participants venus de tous horizons, ils ont proposé un texte de référence, signé par les réformés et les catholiques, Suisses et Brésiliens en 2005 : la « Déclaration œcuménique sur l’eau comme droit de l’homme et bien commun ».
Dans les échanges, ils ont aussi découvert des situations qu’ils ne connaissaient pas, comme celle de l’Égypte, avec les eaux du Nil. « Je n’imaginais pas le nombre de pays impliqués par cette situation », a reconnu Pia Grossholz. Comme l’exprimait le pasteur égyptien présent, le partage de l’eau est véritablement un facteur de paix ou de tensions dans cette région. Il est aussi un facteur de pollution quand les bouteilles en plastique ne sont pas recyclées et finissent dans les décharges, a relevé une femme des Îles Caïmans.
Pour les Suisses présents, l’enjeu est aussi celui du rôle des multinationales et de leurs tentatives de mettre la main sur les sources, jusque et y compris dans le Michigan, riche en eau. Le nom de Nestlé n’a pas manqué d’être évoqué ici et là.
Pour arriver à faire passer le thème de l’eau dans la déclaration finale, la FEPS a mandaté l’une de ses déléguées de se préparer spécialement. Elle a choisi Sylviane Bürki. La trentaine, cette étudiante en théologie à Zurich permet à la délégation suisse de satisfaire aux règles et quotas qui exigent la présence de jeunes et de femmes.
Alors même qu’elle n’est pas une spécialiste du domaine de l’eau, elle s’est préparée à la tâche, puis a fait partie du comité des affaires internationales, qui s’est réuni pendant les 10 jours de l’assemblée pour examiner les causes sur lesquelles les réformés devraient élever la voix. Parmi les trente personnes de ce groupe, plusieurs ne connaissaient pas la déclaration œcuménique sur l’eau.
Pourtant reconnaît-elle, « ma tâche a été rendue facile par le caractère concret du problème et la possibilité pour les Eglises d’être de vrais acteurs. » Résultat: un paragraphe est consacré au problème de l’eau, il demande aux quelque 230 églises membres de la CMER de soutenir et d’adopter la déclaration. Cerise sur le gâteau, le document reconnaît le travail accompli par les Églises catholiques et protestantes de Suisse. Un clin d’œil à la Suisse, hôte du siège de la CMER, et aux succès de l’œcuménisme de terrain avec l’Église catholique romaine.
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