Comment vivre le suicide d'un proche?
Par Herbert Pachmann, reformierte presse
En Suisse, on recense chaque année presque trois fois plus de décès par suicide que dans les accidents de la circulation. Une grande partie des personnes touchées sont des adolescents, des jeunes adultes et des personnes âgées. La plupart du temps, l’événement frappe les parents et les proches de manière totalement inattendue, et il n’est pas rare que cela conduise à une catastrophe familiale.
Le FSSZ (Forum de prévention du suicide et de recherche sur le suicide, Zurich), fondé en 2001, constate ceci: « En Suisse, on fait encore peu de choses pour la prévention du suicide, en comparaison de ce qui se fait à l’étranger. On manque de connaissances, de compréhension et de structures. Il y a beaucoup à faire. » Le FSSZ est une association régionale interdisciplinaire qui a pour but de développer les activités de prévention du suicide. En plus, le FSSZ s’engage en faveur de l’établissement de liens entre la recherche et la pratique.
Les réformés particulièrement menacésChaque année en Suisse, environ 1000 hommes et 400 femmes se suicident, ce qui correspond à un taux d’environ 20 pour 100 000. A cela s’ajoute qu’environ 10 pour cent des gens font une tentative de suicide au cours de leur vie. Quelque 50% des personnes interrogées dans des enquêtes indiquent avoir déjà songé au suicide. Chez les hommes, 34% de ceux qui se suicident le font avec leur arme d’ordonnance. La Suisse se situe en cela largement au-dessus de la moyenne européenne qui est de tout juste 10%.
Les groupes de personnes particulièrement en danger sont les personnes souffrant de maladies psychiques, les personnes âgées et les personnes isolées. Cela vaut également pour les veuves et les veufs, avant tout dans la période suivant immédiatement le décès du ou de la partenaire. Dans la première semaine, le risque de suicide est 25 fois plus élevé que dans la population en général; durant l’année qui suit, il est encore de quatre à six fois plus élevé.
De ce fait, le thème est hautement pertinent aussi pour les pasteurs et leur travail d’assistance aux personnes en deuil. Ce qui est en outre alarmant, c’est que, selon l’Office fédéral de la statistique, le taux de suicides est sensiblement plus élevé chez les réformés que chez les catholiques ou les personnes sans confession. Les hommes réformés âgés sont particulièrement vulnérables.
« Je vois ce qui t'accable » Le FSSZ a maintenant élaboré un projet de prévention visant à informer, à sensibiliser et à donner des directives d’action. Il s’adresse aux personnes qui se trouvent en étroit contact avec les survivants, c’est-à-dire les pasteurs, les collaborateurs des services de pompes funèbres et les médecins de famille. Le matériel d’information mis à disposition par le FSSZ doit faciliter une approche fondée du thème et donner une plus grande assurance dans les rapports avec les survivants.Concrètement, il s’agit de distinguer les signes d’un risque de suicide, de poser des questions adaptées et de réagir de manière appropriée. Pour cela, onze indications importantes sont données dans un guide, par exemple ce conseil essentiel: il s’agit de « soulager. Ne vous laissez pas entraîner à vouloir résoudre les problèmes de la personne exposée au risque de suicide ».
Même s’il est compréhensible que la personne qui aide manifeste son inquiétude, le guide l’encourage néanmoins à avoir une attitude calme, et lui recommande de prendre position sans valoriser ni dévaloriser. Cela peut se traduire par exemple par ces mots: « Je comprends que tu te sentes désespéré(e), que tu aies perdu l’espoir. Je vois ce qui t’accable. Mais j’aimerais t’aider à rester en vie, afin qu’un changement soit possible. »
Devenir un médiateur compétent L’objectif de ce projet de prévention est de constituer une équipe de médiateurs et médiatrices sur le thème « Suicide chez les personnes en deuil ». Ces médiateurs doivent savoir distinguer les indices éventuels de risque et bien connaître les possibilités d’action. En outre, les médiateurs disposent de cartes de contact d’urgence qu’ils peuvent remettre à la personne en danger de suicide. Une offre de conseils pour les médiateurs va également être développée.
Les professionnels qui sont en contact avec le conjoint survivant apportent déjà une importante contribution au sens de la prévention du suicide. Le nouveau projet doit créer un réseau commun qui permettra de toucher encore plus de personnes en danger. La brochure envoyée en février aux paroisses zurichoises est axée en premier lieu sur le suicide après la perte d’un(e) partenaire. En même temps, elle doit contribuer à approfondir le traitement de ce thème. (Trad. F.N.)
Pour en savoir plus
Les onze indications pour prévenir le suicide chez la personne endeuillée sont accessibles sur le site du FSSZ (en allemand).
On trouvera des dépliants et des brochures sous vajdacic@dgsp.uzh.ch.