« Nous sommes particulièrement préoccupés par la situation des centaines d’Erythréens qui ont trouvé refuge ici. Et nous constatons avec inquiétude que personne ne se préoccupe de leur évacuation. » Mgr Martinelli, évêque catholique romain de Tripoli, a lancé dimanche 27 février un appel général pour venir en aide à ces réfugiés. Seule l’Italie essaie actuellement de prendre en charge un petit groupe de 54 personnes, a indiqué le 28 février au correspondant d’ENInews le père Daniel Farrugia, vicaire général du Vicariat de Tripoli. Les manifestations d’opposition au gouvernement de Mouammar Kadhafi entraient alors dans leur treizième jour.

La répression brutale des manifestations civiles ordonnée par Mouammar Kadhafi a été largement condamnée par les gouvernements et les leaders du monde entier. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a décrété des sanctions contre les autorités libyennes en imposant un embargo sur les armes et en gelant les avoirs des dirigeants. La Cour pénale internationale a également été saisie. L’ONU estime que plus de 100 personnes sont mortes jusqu’ici dans les affrontements.

Selon le père Farrugia, les troubles ont pour effet de diminuer la fréquentation des services religieux: « Ce matin, nous avions une messe à 10 h et une autre à midi. L’assistance était moins nombreuse que d’habitude, mais l’église était pleine d’Erythréens qui espèrent quitter le pays », a-t-il déclaré le dimanche 27 février.

L’organisation CWS (Christian Worldwide Solidarity) a fait savoir qu’une quarantaine de familles de réfugiés érythréens, avec leurs enfants, sont rassemblées depuis le 16 février dans une zone proche de l’aéroport de Tripoli, sans moyens d’évacuation. L’organisation a signalé que d’autres réfugiés africains, accueillis dans l’église catholique de Tripoli, ont également besoin d’aide.

Le père Farrugia a indiqué que la situation est relativement normale en ville durant la journée, avec des boutiques ouvertes, un trafic qui devient intense et des gens qui font la queue dans les différentes banques. « Le soir, a-t-il ajouté, un étrange silence règne un peu partout, sans signes de manifestations. »

La semaine dernière, Mgr Martinelli a pris contact avec des musulmans libyens pour demander la protection des chrétiens durant les troubles. La presse a rapporté des propos de l’évêque affirmant que la tentative de mettre fin aux manifestations avait été très brutale et que le sang qui coulait dans les rues libyennes faisait obstacle à une réconciliation générale.

« Nous avons contacté le Croissant-Rouge et d’autres organisations musulmanes pour demander la protection des églises, des couvents, de nos fidèles et des sœurs qui travaillent dans les hôpitaux », a-t-il déclaré. Il a aussi parlé de l’aspiration des gens à plus de démocratie, et des espoirs des jeunes qui souhaitent une vie meilleure. 

Il y a environ 80 000 chrétiens en Libye, qui viennent d’Asie, d’Afrique et d’Europe et qui sont membres des Eglises catholique, anglicane, orthodoxe grecque et orthodoxe copte, ainsi que de quelques Eglises pentecôtistes. (531 mots-ENI-11-F-0022-FN)