Le Carême, quésako?

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Le Carême, quésako?

17 mars 2011
La semaine dernière, les chrétiens sont entrés dans le temps du Carême. Mais quelle est au juste la signification de cette période de 40 jours qui précède la fête de Pâques? Eclairage sur ce retour à l'essentiel.

Certains se privent de chocolat. D'autres de télévision et cette année, paraît-il, débrancher Facebook est très tendance. Temps mis à part pour s'adonner à une certaine purification du corps, le Carême est aussi pour beaucoup l'occasion d'un recentrement spirituel. Mais d'où vient-il exactement?

Le terme Carême, sachons-le, vient du latin. Il est en fait la contraction de quadragesima, qui signifie « quarantième », apprend-on sur Wikipédia. Pourquoi « quarantième »? Tout simplement parce que le quarantième jour du Carême correspond... à la fête de Pâques, fin du Carême. L'origine de la symbolique du chiffre quarante, quant à elle, est à chercher dans les Ecritures.

Et tout d'abord dans les Evangiles, avec l'épisode de la tentation du Christ dans le désert. Entre le baptême de Jésus et le début de sa vie publique, il s'écoule 40 jours où Satan le met à l'épreuve. Le peuple hébreux marchera pour sa part pendant 40 ans vers la terre promise. Quant au prophète Moïse, il passera 40 jours – et 40 nuits – dans le désert, avant de recevoir les tables de la Loi: un temps de jeûne, également.

Le patriarche serait-il donc à l'origine de la privation – partielle – de nourriture que certains chrétiens observent aujourd'hui pendant le Carême? En partie, certainement. Car si la pratique n'a été instituée qu'au Concile de Laodicée au IVe siècle (pain et fruits secs), le Christ lui-même, dans les derniers jours avant sa mort, n'a pas pris la peine de jeûner. Pas plus que ses disciples. Si l'on en croit les Evangiles, il a même mangé le repas de la Pâque la nuit précédant sa mort: c'est l'origine de la Cène.

Protestants sceptiques... mais curieux

Pendant des siècles, les cinq semaines de montée vers Pâques ont donc coïncidé pour les chrétiens avec la prise d'un seul repas par jour, le plus souvent le soir. Et avec une privation totale les Vendredi et Samedi saints. Il faut dire que l'Eglise tenait avec l'hiver finissant et ses réserves d'aliments en baisse une bonne justification de la pratique. Suffisant pour nourrir d'un certain scepticisme le regard protestant sur le Carême?

Il faut dire ici que les Eglises réformées n'ont jamais imposé de pratiques de pénitence ou de jeûne. Pour favoriser plutôt, pendant cette période, la prédication et la méditation. L'article de Wikipedia ajoute: « Si dans le luthéranisme on trouve parfois la recommandation de l'abstention de viande le Vendredi Saint, le protestantisme n'est pas directif, aucune consigne particulière n'ayant été laissée par les Apôtres. » Rappelons aussi que pour les protestants, le salut s'obtient par la foi seule, sola fide. Exit donc le besoin d'accomplir des oeuvres de pénitence pour s'assurer le salut.

Ceci dit, depuis quelques années, la pratique du jeûne connaît un regain d'intérêt. Plusieurs paroisses protestantes de Suisse romande proposent d'ailleurs de vivre l'expérience en groupe, parfois de manière oecuménique. Un temps mis à part pour repenser sa relation à Dieu, à soi-même et aux autres. Et « pour nous souvenir de l’œuvre réconciliatrice du Christ », affirme le pasteur et professeur à Strasbourg Frédéric Rognon, prédicateur pour 2011 du Carême protestant.

S. R.