Pour le théologien Hans Küng, seules des réformes radicales peuvent sauver l’Eglise catholique

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Pour le théologien Hans Küng, seules des réformes radicales peuvent sauver l’Eglise catholique

10 mai 2011
Munich, le 10 mai (ENInews\Anli Serfontein) –
Selon le théologien suisse, l’Eglise catholique est gravement malade, peut-être en phase terminale. Et seuls un diagnostic lucide et une thérapie radicale la guériront, à en croire le dernier ouvrage d’un des critiques les plus acerbes du pape Benoît XVI.

Ist die Kirche noch zu retten? ou L’Eglise peut-elle encore être sauvée? Le 2 mai, Hans Küng – un ancien collègue du pape à l’Université de Tübingen – présentait son dernier ouvrage lors d’une rencontre à guichet fermé au Literaturhaus (Centre littéraire) de Munich.

Le théologien suisse a indiqué que l’affection dont souffre l’Eglise va au-delà des récents scandales d’abus sexuels. Selon lui, sa résistance aux réformes, sa culture du secret, son manque de transparence et sa misogynie sont au cœur du problème.

Il a fait savoir que l’Eglise catholique a perdu un tiers de ses fidèles aux Etats-Unis. « L’Eglise catholique aux Etats-Unis ne s’est jamais demandé pourquoi », a-t-il déclaré. « N’importe quelle autre institution qui aurait perdu un tiers de ses membres voudrait en comprendre la raison. » Il a ajouté que 80% des évêques allemands seraient favorables à des réformes.

Hans Küng est l’un des théologiens catholiques romains contemporains qui mâche le moins ses mots. Sa « missia canonica », la licence nécessaire pour enseigner la théologie catholique romaine, lui a été retirée en 1971, alors qu’il avait remis en question l’infaillibilité du pape. Il est par la suite devenu professeur de théologie œcuménique à Tübingen, tout en demeurant prêtre catholique.

« J’aurais préféré ne pas écrire ce livre. Il n’est pas agréable d’adresser une telle critique à l’égard de l’Eglise qui est toujours restée la mienne », a-t-il déclaré à un public majoritairement âgé, dans le diocèse de Munich et Freising, l’ancien diocèse de Benoît XVI, qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger.

Echec face aux abus sexuels

Il espère par ailleurs que le souverain pontife trouvera un chemin pour aller de l’avant dans l’esprit du Concile de Vatican II, qui avait, au début des années 1960, réformé l’Eglise de plusieurs manières, notamment en recommandant de dire la messe dans les langues vernaculaires plutôt qu’en latin.

Cependant, Benoît XVI a pris ses distances avec Vatican II et « a échoué face aux abus sexuels perpétrés par le clergé dans le monde entier », a affirmé Hans Küng. Benoît XVI est « essentiellement en faveur de la liturgie et de la théologie médiévales, et d’une constitution médiévale de l’Eglise ».

Evoquant le débat sur le célibat survenu suite aux cas d’abus sexuels, Hans Küng a rappelé que « l’Eglise catholique romaine a survécu pendant ses mille premières années sans le célibat ». Il se prononce clairement en faveur du mariage des prêtres et des évêques.

Hans Küng a comparé les changements nécessaires au sein de l’Eglise catholique aux mutations démocratiques en cours dans le monde arabe. « Quand donc, dans notre Eglise, les jeunes envahiront-ils les rues? Voilà notre problème: nous n’avons plus de jeunes », a-t-il déclaré, au grand amusement des 350 personnes présentes.

A la fin de son livre, Hans Küng revient à sa question initiale: « L’Eglise peut-elle encore être sauvée? » Il affirme ne pas avoir perdu sa vision d’une Eglise qui répondrait aux attentes de millions de chrétiens mais que certaines conditions doivent être remplies. Dans ses réformes, l’Eglise doit faire preuve de radicalisme chrétien, de constance et de cohérence, selon lui. Et d’achever son allocution ainsi, sous les applaudissements: « Je n’ai pas renoncé à l’espoir que l’Eglise survive. » (604 mots-ENI-11-F-0055-JMP)