A l’Eglise de Beethoven, le message, c’est la musique

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A l’Eglise de Beethoven, le message, c’est la musique

16 août 2011
Washington, le 16 août (ENInews-RNS/Cathleen Falsani) – Le violoncelliste classique Felix Wurman a fondé en 2008 l’énigmatique Eglise de Beethoven dans une station essence abandonnée sur l’ancienne Route 66 à Albuquerque, dans l’Etat du Nouveau-Mexique. L’Eglise de Beethoven se veut un rassemblement du dimanche où la musique est le message.

Oak Park est une collectivité progressiste, excentrique et artistique, où vécurent l’écrivain Ernest Hemingway et l’architecte iconoclaste Frank Lloyd Wright. C’est aussi là qu’a grandi Felix Wurman.

L'Eglise de Beethoven compte aujourd’hui deux « paroisses » de plus, à Durham, en Caroline du Nord, et plus récemment à Oak Park, dans l’Illinois, une banlieue de Chicago. Dans cette ville, elle a tenu sa première réunion du dimanche matin dans une trattoria italienne nichée parmi les nombreuses galeries d’art d’Oak Park. Les amateurs de musique avaient alors écouté une suite pour violoncelles de Bach et de la poésie, avant de se retrouver autour d’un brunch.

« C’est une expérience spirituelle qui n’est pas particulièrement liée à une religion spécifique, mais elle touche la même corde sensible chez les gens », a déclaré Jean Lotus, l’une des responsables de l’Eglise de Beethoven d’Oak Park.

« J’avais le sentiment que c’était le genre de chose qu’on pouvait faire pour tenter de réunir les gens. Cela peut amener les gens à vivre une expérience spirituelle et réconfortante », a-t-elle ajouté. « Par ailleurs, la poésie permet véritablement de formuler des idées en mots. »

Il n’y a, dans le nom « Eglise » de ce rassemblement, aucune intention d’irrespect envers les communautés religieuses traditionnelles. Certaines d’entre elles se sont toutefois irritées quand les cultes musicaux ont débuté au Nouveau-Mexique et en Caroline du Nord.

« Nous ne cherchons aucunement à déclarer la guerre à la religion », a expliqué Jean Lotus, qui est catholique et va régulièrement à la messe avec les membres de sa nombreuse famille. « Tout le monde ne va pas à l’église. Moi si. Les jours de l’Eglise de Beethoven nous assistons à une messe plus tôt, puis nous allons à l’Eglise de Beethoven. »

La sœur de Felix Wurman, Candida Wurman Yoshikai, responsable de l’Eglise de Beethoven à Durham, a affirmé que son frère n’était pas religieux au sens traditionnel du terme. L’idée de l’Eglise, c’était de disposer d’un lieu de culte où « la musique serait l’élément principal et pas seulement un élément secondaire rajouté après coup », a-t-elle expliqué.

« Felix essayait toujours de comprendre », a dit Mme Wurman Yoshikai. « Mais il ne s’intéressait pas à la religion organisée et on pourrait même dire qu’elle le dégoûtait. Ceci dit, il voulait aussi offrir aux gens la musique et son lien spirituel, l’intensité d’une chose qui peut tous nous émouvoir au plus profond de nous-mêmes. »

Tout comme le silence forme l’élément central du culte dans une réunion quaker, dans l’Eglise de Beethoven, la musique représente en quelque sorte le culte, l’homélie et le point d’ancrage de la communauté de croyants. Ce qu’avait imaginé Felix Wurman pour l’Eglise de Beethoven, où la musique elle-même est le prédicateur, fait écho à une citation souvent attribuée à François d’Assises: « Prêche l’Evangile et, si c’est nécessaire, utilise des mots. »

Fils du pianiste et compositeur Hans Wurman, un juif autrichien qui, ayant échappé à l’holocauste, s’est expatrié à Chicago, Felix Wurman a reçu son premier violoncelle quand il avait sept ans. Il a commencé à se produire en public dès l’âge de douze ans.

Avec son orchestre de musique de chambre, Domus, Felix Wurman s’est efforcé d’apporter la musique classique à des gens qui la connaissaient mal où qui n’avaient pas les moyens ni la volonté d’acheter des billets pour l’orchestre symphonique ou l’opéra.

Si cette nouvelle Eglise porte le nom de Beethoven, la musique qu’elle offre ne se limite pas à celle du compositeur allemand. Ludwig van Beethoven – qui a grandi dans la religion catholique et a composé de nombreuses œuvres religieuses au cours de sa vie, notamment la grande « Messe en ut majeur » et « Missa Solemnis » – semble avoir trouvé sa plus grande connexion spirituelle dans la musique elle-même.

La sœur de Felix Wurman espère que davantage de paroisses musicales se créeront à travers le pays et le monde, et que les gens sans religion (ou de toutes les religions) pourront y trouver la communion sacrée et une connexion spirituelle. (995 mots-ENI-11-F-0091-JMP)