Rendez à Trump ce qui est à Trump et à Dieu ce qui est à Dieu
Ça y est, M. Trump est installé à la maison Blanche et, avec lui, au-devant de la scène, toute une panoplie de super-riches qui d’ordinaire manœuvraient derrière le rideau du théâtre politique. Leurs manœuvres étaient tout de même limitées par toute une série d’institutions démocratiques et par une balance des pouvoirs imaginée par les intellectuels des Lumières. Ces derniers rêvaient d’un monde libre et prospère et ils souhaitèrent que cette liberté et prospérité puisse s’élargir au plus grand nombre possible de citoyens et citoyennes.
Avec Trump, nous avons l’impression d’être entrés dans une phase irréversible de décadence de cet ordre libéral, lui qui a fait sauter pas mal de verrous depuis sa candidature. En se prenant pour César, il a même pensé frapper virtuellement une monnaie à son effigie, le $TRUMP, comme aux temps de la Rome impériale. Cela m’a fait penser à cet épisode raconté dans les Évangiles : des gens ont posé à Jésus la question s’il est permis ou non de payer le tribut à César. Après avoir montré le visage de l’Empereur gravé sur les monnaies, Jésus répondit par le célèbre adage : « rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Puisque l’Empereur a gravé son visage, l’argent lui appartient. Comme ailleurs, ici aussi Jésus oppose l’amour pour le pouvoir à l’amour pour Dieu. Il y a un culte à rendre à Dieu, et ce culte n’a rien à voir avec l’argent et le pouvoir, symbolisés par César et sa monnaie. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, signifie suivre l’Évangile de la sororité et fraternité humaine, en se débarrassant de tout ce qui est amour du pouvoir.
Ce retour en force d’un Pouvoir qui souhaite être arbitraire et délié de toute limitation, sonnera-t-il le glas du rêve égalitaire des Humanistes de tout temps ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que nous avons reçu cet appel à rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est-à-dire vivre de manière positive, ouverte et libératrice pour nous et les autres.