Les responsables chrétiens de Libye insistent sur l'importance de la réconciliation

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Les responsables chrétiens de Libye insistent sur l'importance de la réconciliation

21 février 2012
Nairobi, le 21 février (ENInews\Fredrick Nzwili) – Des leaders chrétiens libyens rappellent les efforts à consentir pour mettre fin à l’instabilité du pays. A Tripoli, le premier anniversaire du soulèvement qui a mis fin au régime de Kadhafi a été célébré le 17 février par des feux d’artifice, des tirs de fusil et des chants. De nombreuses armes restent en mains des milices et de la population.

« Les gens ont l’air tellement plus heureux depuis octobre dernier (ndlr: quand le colonel Kadhafi a été capturé) », a déclaré par téléphone le père Daniel Farrugia, vicaire général du Vicariat de Tripoli, au correspondant d’ENInews. « Ils sont soulagés et plus spontanés. Et ce en dépit des situations d’insécurité auxquelles ils sont confrontés. Mais nous devons continuer à prier et mettre en avant la paix et la réconciliation. »

La contestation du régime de Mouammar Kadhafi est partie de la ville de Benghazi en février 2011, avant de s’étendre à d’autres régions du pays. Tout au long de la révolte, les combattants rebelles unis dans le cadre du Conseil national de transition ont bénéficié de l’appui de l’OTAN.

Les frappes aériennes menées par l’Alliance atlantique avaient pour but de faire respecter une zone d’exclusion aérienne et de protéger les civils. Le Conseil de sécurité des Nations Unies avait en effet décrété cette mesure après la répression brutale, par les forces de Kadhafi, de civils protestant contre son régime.

Paroisses internationales renaissantes

A la mort du dictateur, le 20 octobre, des responsables chrétiens du monde entier avaient fait part de leurs préoccupations quant à l’arrivée au pouvoir d’islamistes. Ils craignaient que, comme dans d’autres pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, le christianisme en fasse les frais.

Le père Farrugia explique cependant que l’Eglise a survécu à la guerre et qu'elle poursuit son travail et sa mission. « Elle n’a pas été particulièrement affectée et ses membres commencent à revenir aujourd’hui, surtout des Philippins et des Africains. Mais les familles ne sont pas encore revenues », a-t-il dit.

Selon Kosti Ketola, prêtre anglican de l’église du Christ-Roi à Tripoli, les responsables d’Eglise ont soutenu les célébrations dans la mesure de leurs capacités. « La situation évolue et les gens commencent à revenir à l’église […] Les armes ont disparu des rues mais il reste difficile d’exercer notre ministère auprès de la population», a déclaré Kosti Ketola, dont l’église accueille une paroisse internationale d’Indiens, de Pakistanais, d’Egyptiens et de Nigérians.

Avant la guerre, les fidèles des Eglises des traditions catholique romaine, orthodoxe, anglicane et pentecôtiste représentaient 3% de la population libyenne. Essentiellement constituée de musulmans modérés, celle-ci s’est montrée tolérante envers les chrétiens pendant la révolution. Les Eglises n’ont jamais été priées de fermer, ni de faire place nette, selon les leaders chrétiens.

200 000 combattants

Les responsables d’Eglise affirment souhaiter entretenir le dialogue interreligieux, qui semble avoir largement contribué à la sécurité des responsables chrétiens et des églises pendant la guerre. Sous le précédent régime, un dialogue actif était engagé entre les religions.

Les responsables religieux se disent optimistes quant au respect de la liberté religieuse par le nouveau pouvoir. Celui-ci s’efforce d’asseoir son autorité sur l’ensemble du pays, où des armes légères et de petit calibre sont restées aux mains de milices et de la population.

Le docteur Nagi Giumma Baraka, ancien ministre de la Santé du Conseil de transition, a déclaré qu’on recense plus de 200 000 combattants et que de nombreuses armes seraient en circulation. « C’est pourquoi personne ne respecte la loi et que le pays est livré à lui-même pour le moment », a-t-il déclaré dans une tribune libre publiée dans le Tripoli Post le 7 février.

Dans l’intervalle, des milliers de personnes demeurent en détention. Des vies humaines et des communautés entières sont toujours menacées par des munitions non explosées. Par ailleurs, de nombreuses familles sont encore à la recherche de proches disparus, selon le Comité international de la Croix-Rouge. (666 mots-ENI-12-F-0025-JMP)