Les inégalités croissantes pèsent sur le train de vie des CSP romands

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Les inégalités croissantes pèsent sur le train de vie des CSP romands

13 mars 2012
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Les consultations offertes en 2011 par les quatre Centres sociaux protestants romands sont en augmentation. Et les cas de plus en plus complexes. Ils ont lancé lundi 12 mars leur campagne de printemps pour trouver de nouveaux donateurs et maintenir la gratuité de leurs prestations.

Les inégalités sociales croissantes n'ont pas laissé de répit aux Centres sociaux protestants romands en 2011. Entre Genève, Vaud, Neuchâtel et Berne-Jura, ils ont assuré plus de 23 000 consultations. Un chiffre en augmentation. « Les administrations publiques, craignant les abus, rendent les démarches complexes au risque de laisser sur la brèche les ayants droit », affirment dans un communiqué commun les quatre CSP. Ils lancent cette semaine leur campagne de printemps sous le thème « Ensemble, nous pouvons changer la suite de cette histoire ».

De fait, les cas traités par les CSP se complexifient par personne et par dossier. A Neuchâtel par exemple, le taux de divortialité, un des plus hauts du pays, inquiète Pierre Borer. « C'est un facteur important de pauvreté », a noté mardi le directeur lors d'une conférence de presse à Lausanne. Il tient à une prise en charge globale des personnes et des situations. Or la donne actuelle nécessite une analyse de plus en plus fine des cas de la part des professionnels.

Huissier ou CSP ?

A Genève, le directeur Alain Bolle pointe du doigt les cas de surendettement : « Les gens endettés attendent l'huissier et peinent à s'adresser à des organismes comme le CSP », regrette-t-il. D'où l'accent mis sur le travail de prévention des difficultés sociales. C'est ce que son homologue vaudoise Hélène Küng nomme le « ratissage préventif large ». Elle songe notamment aux jeunes précarisés suite au durcissement de la loi sur le chômage entrée en vigueur le 1er avril et qui les prive d'indemnités avant leur premier emploi. De façon générale, Mme Küng croit à un « financement public accru » pour maintenir l'accessibilité des prestations.

La part du financement privé dans les activités des CSP est toutefois en augmentation. « J'ai parfois l'impression de me transformer en représentant de commerce », grince Alain Bolle. Si les dons des entreprises ont baissé en 2011 à Genève, des privés se mobilisent. Un donateur songe par exemple à libérer des fonds pour lutter contre la traite des être humains en matière d'économie domestique. Au bout du lac, c'est à noter, les deux brocantes et les quatre boutiques assurent presque la moitié du budget de l'institution qui se monte à 6,5 millions.

De son côté, Pierre Borer a aussi pris son bâton de pèlerin, car « le travail des CSP est connu, mais pas toujours reconnu ». Or le CSP Neuchâtel doit faire face à des échéances cruciales. La subvention de l'Eglise évangélique réformée cantonale (EREN) doit par exemple être rediscutée. De 650 000 francs il y a quelques années, elle a chuté à 250 000 en 2012. « Nous devons réduire notre train de vie de 80 000 à 100 000 francs si nous ne voulons pas épuiser les réserves », note le directeur, qui espère fidéliser de gros donateurs.

Transports publics investis

Mais la tâche sera rude : le cigarettier Philip Morris a baissé sa contribution de 240 000 à 90 000 entre 2011 et cette année. Le CSP pourra-t-il maintenir le conseil juridique qu'il offre aux réfugiés, de plus en plus nombreux? Il est le seul organisme cantonal à le proposer...

Au final, les quatre CSP doivent se montrer ingénieux pour développer leur offre tout en contenant leurs coûts. Une prise de rendez-vous centralisée a par exemple été instituée en terres vaudoises. Un accueil collectif a vu le jour à Neuchâtel. « Les personnes y sont accueillies en groupe de 4 à 5 participants, lors d'une première séance », peut-on lire sur le site internet. C'est seulement à l'issue de cette rencontre, et si nécessaire, qu'un suivi individuel avec un assistant social peut être proposé.

Si le visuel de la campagne – un fils de chômeuse en classe, une mère de famille monoparentale et un père divorcé – n'a pas changé depuis l'an dernier, les messages ont été adaptés. Coût de l'opération : 150 000 francs. Les transports publics seront cette année massivement investis.

S. R.


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