Nicolas Sarkozy, candidat à sa propre réélection, s'est prononcé en faveur de l'étiquetage obligatoire, alors que la question de l'immigration nord-africaine occupe le devant de la scène à l'approche du premier tour du scrutin, en avril. Les opposants à l'immigration dénoncent les torts que celle-ci cause aux valeurs culturelles de la France.

Le Premier ministre François Fillon a alimenté la polémique en invitant instamment les religions à remettre en question la pertinence, au XXIe siècle, de «traditions ancestrales». Par la suite, il s'est efforcé de la désamorcer en rencontrant des responsables religieux de France.

De son côté, le président Sarkozy a également fait machine arrière en préconisant un étiquetage sur la base du volontariat de toute viande abattue rituellement. À l'heure actuelle, l'étiquetage n'est pratiqué que dans les zones où se concentrent les musulmans ou les juifs.

La polémique a été déclenchée par la candidate du Front National Marine Le Pen, qui a prétendu que toute la viande vendue à Paris était halal. Nicolas Sarkozy n'a pas immédiatement réagi, mais il a ensuite expliqué que son appel à l'étiquetage de la viande provenant d'abattages rituels avait été décidé après avoir été informé que «le premier sujet de préoccupation des Français, [...] c'est cette question de la viande halal.»

Selon Isabelle Veyrat-Masson, directrice du laboratoire «communication et politique» du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), les propos de Nicolas Sarkozy pourraient lui permettre de siphonner des voix d'extrême droite à Marine Le Pen.

 «L'extrême droite veut focaliser le débat sur l'immigration. Toute la difficulté est d'en parler sans avoir l'air raciste. Quand on parle de viande halal, c'est parfait, car la question porte sur l'alimentation», a-t-elle déclaré au correspondant d'ENInews.

«C'est un bon moyen pour prendre des voix au Front National – parce que Nicolas Sarkozy a besoin de l'appui de cet électorat pour gagner – sans s'aliéner le vote centriste», a-t-elle ajouté. «Je suis surprise que cette thématique ait eu autant de succès. Elle s'est très vite imposée dans le débat.»

Le candidat socialiste François Hollande a quant à lui déclaré que ce sujet n'avait pas sa place dans le débat présidentiel.

 Les commentateurs politiques doutent que la question de l'étiquetage reste sous le feu des projecteurs d'ici à l'élection. Ils soulignent cependant que plus longtemps la presse française s'en fera l'écho, plus elle aura une incidence sur le choix des électeurs.

La population musulmane de France est estimée à entre 5 et 6 millions de personnes, soit 8 à 10% des 65 millions d'habitants du pays. La communauté juive compterait entre 250 000 et 500 000 membres, c'est-à-dire 0,4 à 0,8% de la population. (516 mots-ENI-12-F-0040-JMP)