L’Allemagne compte aujourd’hui 41 sites de sépulture forestiers et cinq autres doivent ouvrir cette année, selon la société FriedWald, qui gère les lieux de sépulture en forêt en collaboration avec les autorités locales et les commissions forestières.

La popularité croissante de cette pratique et due à plusieurs facteurs, notamment au fait que les variantes à l’enterrement conventionnel, comme la crémation, sont de mieux en mieux acceptées, à la demande d’options meilleur marché que les funérailles traditionnelles et à un désir de renouer avec le monde naturel.

«L’atmosphère dans le friedwald est merveilleuse», a déclaré dans une interview le pasteur luthérien Thomas Strege, qui célèbre des funérailles et des services commémoratifs en forêt. «Les membres de la famille se trouvent en pleine nature, d’une certaine manière à l’origine de la vie. Le cercle de la vie, de la naissance à la mort, s'achève en plein cœur de mère Nature.»

«Le lien avec la forêt est très fort en Allemagne», explique Corinna Brod, porte-parole de FriedWald. «Nous avons des forêts merveilleuses remplies de secrets et d’histoires qui revêtent une importance particulière pour nous, les Allemands.»

Les forêts d’Allemagne ont depuis longtemps une signification culturelle particulière. Pour certains historiens, la bataille de la forêt de Teutobourg, lors de laquelle des tribus germaniques repoussèrent l’envahisseur romain, marque un tournant dans la formation de l’identité du pays. Au 19e siècle, cette bataille inspira de nombreux peintres issus du romantisme allemand, courant qui accordait une place prépondérante à la forêt dans les arts visuels, la poésie et la littérature.

De même, la sylviculture est un secteur traditionnellement important, qui remonte au 16e siècle et demeure une discipline suscitant l’admiration, en particulier dans le contexte du mouvement écologiste moderne.

Les personnes qui planifient un enterrement en friedwald choisissent un arbre sous lequel on dépose une urne biodégradable contenant les cendres du défunt ou de la défunte. Afin de respecter l’état naturel de la forêt, les proches ne sont autorisés à laisser ni fleurs, ni bougies, et les pierres tombales n'y ont pas leur place. 



C’est l’arbre lui-même qui indique l'emplacement de la tombe, avec ou sans plaque fixée au tronc, selon la volonté de la personne décédée ou de la famille. Dans certains sites de sépulture, lorsqu'il n'existe aucune indication, l'entreprise tient un registre de tous les emplacements où sont enterrées des urnes.

Reinhard Mawick, porte-parole de l'Église évangélique d'Allemagne (EKD), a fait partie d'un comité chargé de se pencher sur les traditions funéraires. En début d'année, ce comité s'est rendu dans un site friedwald dans le Reinhardswald, forêt qui aurait inspiré les contes des frères Grimm.

«Beaucoup de gens ont eu le sentiment que la société FriedWald […] est aujourd'hui davantage compatible avec la culture funéraire chrétienne qu'auparavant, lors de sa fondation, parce qu'une sépulture dans un friedwald n'est plus synonyme d'enterrement quasi anonyme», a déclaré Reinhard Mawick à l'occasion d'une interview. La visite du comité s'est déroulée peu après le 10e anniversaire de l'ouverture du premier site friedwald.

«J'ai été à titre personnel très impressionné par cette visite. Je me suis demandé si cela pourrait être une option intéressante pour mes parents, puisque leurs enfants ne vivent plus là où nous avons grandi. Un friedwald pourrait être une bonne solution pour nous», a ajouté le porte-parole de l'EKD.

Thomas Strege affirme que les funérailles chrétiennes en forêt sont de plus en plus prisées, en partie parce que FriedWald propose des services à prix raisonnables et que le lieu de sépulture sont laissés en paix pendant 99 ans, tandis que les emplacements dans les cimetières traditionnels ne sont concédés que pour 25 ans.

Bien que FriedWald ne consigne pas la religion de ses clients, l'entreprise estime qu'environ la moitié des enterrements sont célébrés selon les rites chrétiens (protestants et catholiques). L'offre séduirait également de nombreux bouddhistes. (699 mots-ENI-12-F-0043-JMP)