L'esprit de Taizé souffle la première bougie de Saint-Laurent-Eglise

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L'esprit de Taizé souffle la première bougie de Saint-Laurent-Eglise

29 mars 2012
Le lieu-phare lausannois et l'Espace culturel des Terreaux voisin mettent la communauté de Taizé à l'honneur. Un spectacle retrace ses hauts faits à travers la vie de son fondateur, le Vaudois Roger Schutz. Le pasteur Jean Chollet avait créé la pièce au Festival d'Avignon en 2008. Interview.

ProtestInfo : Jean Chollet, sans tout déflorer, que raconte votre création Un printemps à Taizé ?

Jean Chollet : J'ai fait un montage de textes à partir de l'ouvrage de Kathryn Spink, La vie de Frère Roger. Il raconte les passages-clé de l'histoire de Taizé et notamment l'enfance de Roger Schutz : une santé très fragile, la tuberculose, la solitude forcée, la privation d'école. Le spectacle montre que c'est là que celui qui allait devenir frère Roger a cultivé sa fibre solidaire.

 

Précisément, qu'est-ce qui, dans la figure de frère Roger, a inspiré le metteur en scène que vous êtes ?

Ce qui pousse ce jeune pasteur à partir pour la Bourgogne pendant la guerre, c'est d'abord la volonté d’être aux côtés des réfugiés politiques, notamment juifs, puis des prisonniers allemands. Mais Un printemps à Taizé montre aussi comment cette maison d'accueil deviendra peu à peu lieu de rassemblement pour les jeunes et laboratoire constant de l'oecuménisme. Le spectacle fait donc cohabiter ces trois facettes de la personnalité de Frère Roger.

 

Comme pasteur à Saint-Laurent-Eglise avec Daniel Fatzer, comment expliquez-vous le succès – qui semble ne pas faiblir – du « style Taizé » auprès des jeunes, dopé par la Rencontre internationale de Genève de 2007-2008?

L’œcuménisme stagne parce que les institutions n’ont plus une véritable envie d’être ensemble. Mais les jeunes s’en fichent. Quand on leur parle « identité protestante », ils disent : cela ne nous concerne pas. Ce qui compte, c’est la relation à Jésus-Christ. Or c'est précisément ce que Taizé propose : des chants aux mélodies simples, pas de prédication, un climat propre à la méditation avec quelques bougies et des draps colorés...

 

La grande force de frère Roger, c'était de se dire :
« Quelle est la demande des jeunes ? »

Pourquoi les Eglises réformées de Suisse romande ont-elles si longtemps fait mine d'ignorer ce qui se vivait dans cette communauté bourguignonne?

Parce que le souci de ce qui se passe « en dehors », ou pour le dire comme les sociologues, la « demande des gens », prend du temps à être pris en compte. La grande force de frère Roger, c'était de se dire : « Quelle est la demande des jeunes ? » Plutôt que : « Je sais ce qu’il faut lire, croire, vivre et ils n’ont qu’à faire comme je dis »...

 

Dans la programmation de ce week-end, quelle complémentarité cherchez-vous entre le spectacle, le texte dit par un comédien et la conférence du théologien Gottfried Hammann?

J’ai choisi le Journal de 1969 parce que c’est, après Mai 68, une période de « réinvention » pour Taizé et Frère Roger. Et puis j'ai invité Gottfried Hammann, un spécialiste de l’œcuménisme, parce que c’est parfois un peu trop facile de dire « on est déjà oecuménisés ». Il pointera les écueils de l’œcuménisme et pourquoi on patine. Quant au culte dominical à Saint-Laurent-Eglise, il reprendra plusieurs éléments liturgiques propres à la communauté française.

S. R.

 

Pratique... et à lire

Les réservations pour les trois représentations d'Un Printemps à Taizé peuvent être faites sur le site de l'Espace culturel des Terreaux, où le spectacle est donnée dès jeudi 29 mars à 19h. Les infos sur tous les autres événements du week-end (qui dure jusqu'à mardi) sont accessibles sur la page dévolue du site de Saint-Laurent-Eglise.

ProtestInfo a publié un article en 2010 sur les 70 ans de la fondation de la communauté de Taizé.