'ambassadrice du jublié protestant de 2017 esquisse les enjeux qui attendent les Eglises issues de la Réforme. La pasteure s'exprimait lors d'une visite à Paris pour promouvoir la version française de son dernier livre.

Les femmes auront un rôle à part entière dans les célébrations de la Réforme qui se dérouleront partout dans le monde. Margot Kässmann estime que leur contribution a eu une énorme influence sur le protestantisme.

 « Luther aurait dit que n’importe qui peut être prêtre pour autant qu’on soit baptisé. C’est là une conviction théologique qui se retrouve chez de nombreux pasteurs d’Allemagne et dans le monde », a déclaré l'ambassadrice de l'anniversaire de la Réforme à ENInews. « Je pense que nous sommes sur une très bonne voie. »

Pour l'ancienne responsable de l’Eglise évangélique d’Allemagne (EKD), à Paris le 20 avril pour promouvoir la traduction française de son livre, Au milieu de la vie: quel avenir après 50 ans?, les protestants doivent réfléchir à leur rôle au sein d’une société de plus en plus laïcisée, a-t-elle indiqué. « Je crois que ce que Luther a fait pour adapter le message biblique au contexte du peuple demeure un enjeu aujourd’hui encore pour nous », a-t-elle expliqué.

Les héritiers de Luther devront aussi savoir « quelle attitude adopter vis-à-vis de la Réforme après un siècle de mouvement œcuménique? Qui sommes-nous ensemble? » s’interroge Margot Kässmann. Enfin, le troisième enjeu – l’un des plus importants dans la famille luthérienne, selon la théologienne – est l’héritage de Luther en ce qui concerne les juifs et leur religion.

Première femme évêque avec enfants

« C’est un lourd fardeau, parce que ce qu’il a dit sur les juifs a probablement entraîné à tort l’Eglise luthérienne sur la voie de l’antijudaïsme, créant pendant la période nazie une situation où l’Eglise n’a pas pris la défense des juifs en Allemagne», a-t-elle affirmé à ENInews. « Il est nécessaire de réfléchir à cette question de façon critique. »

Le livre de la théologienne a trouvé un écho auprès des protestants qui se reconnaissent dans les opinions et le mode de vie de Margot Kässmann.
 
Mère de quatre enfants, Margot Kässmann fut la première femme évêque à avoir des enfants et la première à divorcer alors qu’elle était en fonction. En 2009, elle a été élue à la tête de l’EKD, une fédération d’Eglises régionales représentant 25 millions de membres en Allemagne. Première femme à diriger l’organisation, elle a bénéficié d’un soutien important mais elle s'est aussi heurtée à de nombreuses oppositions en raison de ses points de vue.

Margot Kässmann a démissionné il y a deux ans après avoir brûlé un feu rouge alors qu’elle conduisait en état d’ivresse. La luthérienne a également survécu à un cancer du sein, une maladie qui touche de nombreuses femmes dans le monde occidental.

« Je dois dire que j’ai fait beaucoup de chemin », a déclaré la théologienne au sujet de son rôle en tant que femme responsable religieuse. « Le moins qu’on puisse dire, c’est que cela n’a pas été facile. Mais aujourd’hui, en Allemagne, 30% des pasteurs sont des femmes, et l’Eglise s’en trouve transformée. » (546 mots-ENI-12-F-0061-JMP)